Au nom du Congo
Dans les années 1990, le régime Mobutu, présenté comme un rempart contre l’avancée du communisme, était en pleine décadence. L’après-guerre froide, avec le changement des acteurs, accéléra sa chute. En 1996, la rébellion de l’Alliance des forces démocratiques (AFDL) fut accueillie à Kinshasa, tandis que l’autre, celle du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), en 1998, fut rejetée. Mais la guerre se prolongea à cause de la faiblesse de l’armée. Les protagonistes furent contraints à la palabre, qui s’accéléra après l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila le 16 janvier 2001. Vinrent le partage du pouvoir, l’intégration des armées, le défi électoral, etc. Le Congo crut s’en être sorti. Il n’en fut rien.
Aux différentes factions du RCD et du Mouvement de libération du Congo (MLC) succédèrent d’autres rébellions. Il y eut, en 2008, Goma avec une conférence sur la paix et la sécurité. Puis, le M23. Même mode opératoire. Au plus fort de l’aventure du RCD, Laurent-Désiré Kabila avait prédit une guerre du Congo longue. Sans douter du camp d’où viendrait la victoire. Comme le RCD, le M23 ne peut espérer l’emporter face à un Congo uni. Ce pays a connu plusieurs rébellions, mais elles ont toutes été défaites. Le M23 est vaincu à cause de son illégitimité originelle. S’il tente de récupérer la kinoiserie, il se cherche un millimètre de popularité introuvable. À Kinshasa, l’opposition réclame un dialogue. Elle veut un Sun City bis qui dépouillerait le président de tout pouvoir. Elle se fait l’écho du discours du M23, qu’elle ne reconnaît pas. Elle sort l’antienne de l’illégitimité des institutions dont elle fait partie. Au fond, l’opposition n’a jamais contesté le scrutin du 28 novembre 2011. Sur le plan international, personne ne conteste la légitimité du président. Au tout début de cette guerre, il avait proposé trois voies de sortie : diplomatique, militaire, politique. Les deux premières paraissent lui sourire. Reste la dernière : ces concertations qu’il a annoncées et qui pourraient être un malentendu. Dès le jour de son investiture, il a affirmé qu’il travaillerait avec quiconque avait "la passion du Congo". Au gouvernement cohabitent des communautés qui restent de réelles forces dans le pays (dont celles qu’on cherche à pousser à s’entre-déchirer). Sans oublier d’anciens opposants. Faut-il faire plus ? Kabila n’y verrait aucun inconvénient si cela permet une plus grande cohésion. Mais si dialogue rime avec démocratie, il faut savoir jusqu’où aller plus loin sans parjure… C’est le débat sur la médiation.
Sous Mobutu, un certain Wade, médiateur, éconduit par Tshisekedi, avait déclaré avoir trouvé au Zaïre "l’opposition la plus bête au monde". Désormais, l’opposition réclame le président Sassou Nguesso. Kabila n’y verrait aucun mal. Lors de la guerre à Brazzaville en 1997, quand des bombes brazzavilloises tombaient sur Kinshasa pour inviter Laurent-Désiré Kabila à la guerre, celui-ci avait proposé sa médiation. C’est Omar Bongo du Gabon qui lui fut préféré. Si réciprocité, respect, dignité sont des principes sacro-saints en relations internationales, Kabila a mis tout sur la table. Au nom du Congo !
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