Méditations africaines : au coeur du monde

Kwame Anthony Appiah permet aux uns et aux autres de s’accepter et de vivre ensemble. © Lina Pallotta pour J.A.

Kwame Anthony Appiah permet aux uns et aux autres de s’accepter et de vivre ensemble. © Lina Pallotta pour J.A.

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Publié le 12 août 2013 Lecture : 2 minutes.

Méditations africaines : à la rencontre des intellectuels africains
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Méditations africaines : à la rencontre des intellectuels africains

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Kwame Anthony Appiah : Gentleman cosmopolite

Philosophe ghanéen ? britannique ? américain ? Kwame Anthony Appiah est tout cela à la fois, et l’on ne saurait l’enfermer dans une catégorie plutôt que dans une autre. Véritable citoyen du monde par son histoire familiale (il est né à Londres en 1954 d’un père ghanéen et d’une mère anglaise, a grandi à Kumasi, obtenu un doctorat à Cambridge et enseigne aujourd’hui à la prestigieuse université de Princeton aux États-Unis), il l’est également par ses travaux. Appiah est un touche-à-tout. Spécialiste reconnu des questions de race et d’identité (In My Father’s House, 1992), il s’intéresse au libéralisme comme tradition politique centrée autour des notions d’autonomie et d’individualité, et réinterroge le cosmopolitisme pour permettre aux uns et aux autres de vivre ensemble et de s’accepter pour ce qu’ils sont malgré leurs différences et leurs différends. Car, affirme-t-il, "il est possible de vivre en harmonie sans être d’accord sur des valeurs sous-jacentes" (Pour un nouveau cosmopolitisme, 2008). Jamais là où on l’attend, Appiah privilégie une approche "pluraliste". Persuadé, explique-t-il à Jeune Afrique, que le principal défi des philosophes du continent reste de voir en quoi "la spécificité des diverses expériences africaines contribue aux débats philosophiques universels", Appiah se nourrit aussi bien des traditions africaines que de la philosophie analytique et du postcolonialisme pour penser notre monde contemporain. Ses travaux en philosophie politique et morale sont riches de la traversée de ses expériences et interrogent des notions peu étudiées par les philosophes comme l’honneur (Le Code d’honneur. Comment adviennent les révolutions morales, 2012) ou le développement personnel et les normes professionnelles. Achevant actuellement un ouvrage sur W. E.  B. Du Bois, "né américain mais mort ghanéen", dans lequel il dévoile l’influence de la philosophie allemande du XIXe siècle sur ce militant panafricaniste, Appiah songe déjà à ses prochaines recherches. Elles porteront sur la question de l’idéalisation (notamment l’emploi de modèles simplifiés pour faciliter la compréhension) en sciences et en éthique. Avant de revenir à des questions plus générales en explorant les corrélations existant entre les traditions de pensée morale en Europe, en Afrique, en Amérique et en Asie. Appiah, un homme du monde, en somme.

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>> Lire aussi : Où sont les économistes africains ?

Ernest Aryeetey : Chantre du libéralisme

Considéré comme un pur libéral, il est en phase avec les institutions de Bretton Woods (le FMI et la Banque mondiale). Ce Ghanéen, vice-chancelier de la prestigieuse université de Legon, près d’Accra, est d’ailleurs très proche de Shantayanan Devarajan, l’ancien économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique, et fervent défenseur de l’ouverture des marchés et de la réduction des barrières commerciales. S’il plaide par exemple pour une plus grande intégration financière du continent (interchangeabilité entre les monnaies, zones monétaires, etc.), c’est dans l’optique d’une plus grande insertion du continent dans la mondialisation. Connu pour ses travaux sur la finance informelle et la microfinance en Afrique, ce diplômé de l’université de Dortmund (Allemagne) a coédité avec plusieurs autres économistes The Oxford Companion to the Economics of Africa (2012), un ouvrage qui se veut la bible des économies africaines.

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