Méditations africaines : de la démocratie sur le continent

Léonce Nidkumana, est contre le FMI et la banque Mondiale. © Roger Turesson/Scanpix/Sipa Press

Léonce Nidkumana, est contre le FMI et la banque Mondiale. © Roger Turesson/Scanpix/Sipa Press

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Publié le 19 août 2013 Lecture : 2 minutes.

Méditations africaines : à la rencontre des intellectuels africains
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Méditations africaines : à la rencontre des intellectuels africains

Sommaire

Léonce Ndikumana : Flux et reflux

Les résultats de la récente étude de cet économiste burundais sur les flux financiers entre l’Afrique et les pays occidentaux ont eu un écho particulier dans les médias. Publiées dans un livre intitulé Africa’s Odious Debts (2011), ses recherches montrent que les capitaux sortant du continent (estimés à 735 milliards de dollars entre 1970 et 2008, soit 553,9 milliards d’euros) sont nettement supérieurs à l’aide que l’Afrique reçoit. Ces données ont même été relayées par certaines organisations internationales telles que le Pnud. Pourtant, Léonce Ndikumana appartient au courant de pensée dit hétérodoxe, qui remet en question les paradigmes portés par ces mêmes institutions. Le but de sa démonstration était d’ailleurs de prouver que l’aide au développement ne coûte pas cher aux pays développés (contrairement à l’idée largement répandue). Et qu’elle entretient en partie les fuites de capitaux de l’Afrique (car elle encourage les détournements de fonds des dirigeants africains). Professeur à l’université du Massachusetts, à Amherst, aux États-Unis, considérée comme le fief des économistes marxistes (ils sont contre le FMI et la Banque mondiale), "Léonce Ndikumana n’est cependant pas idéologue. Il est pragmatique et plaide pour la régulation des flux financiers entre les continents", affirme Kako Nubukpo, l’un de ses collègues togolais. Avant de retourner aux États-Unis, le Burundais avait dirigé le département de la recherche au sein de la Banque africaine de développement (BAD).

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Kwasi Wiredu : D’un commun accord

Théoricien de la "décolonisation conceptuelle", Kwasi Wiredu invite à valoriser ce qui, dans les traditions africaines, est valide pour penser le monde contemporain tout en utilisant, après un examen critique, les concepts occidentaux qui peuvent enrichir la réflexion (Cultural Universals and Particulars. An African Perspective, 1996). Fortement influencé par le pragmatisme de Dewey et la philosophie analytique, le coordonnateur de l’encyclopédique A Companion to African Philosophy (2004) pense dans sa langue natale (akan). De la traduction naissent des éclairages qui montrent les limites de certains énoncés "faussement universels". Né à Kumasi en 1931, le Ghanéen élabore une éthique de la discussion autour du consensus qui permet d’ajuster les intérêts individuels à la nécessité commune. Écrivant après le génocide rwandais, le professeur émérite de l’université de Floride du Sud (Tampa) affirme qu’il n’y a pas d’intérêts irréconciliables. Le multipartisme n’est pas satisfaisant car il orchestre la division, et le régime du parti unique est dictatorial. Une troisième voie est à chercher du côté du consensus afin qu’il n’y ait plus de minorité marginalisée.

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