Libreville ravale son front de mer
Île artificielle, marina… La modernisation de Libreville, la capitale du Gabon, avance. Pas forcément là où on l’attendait.
Les petites barques de pêcheurs ont été remplacées par d’énormes pelleteuses qui, chaque jour, grignotent un peu plus de terrain. C’est sur le littoral, à l’emplacement du Port-Môle et de son marché aux poissons, qu’a commencé l’aménagement de la marina de Libreville, baptisée Champ-Triomphal, du nom du boulevard éponyme, le plus grand de la capitale, qui relie la Cité de la démocratie à la zone du bord de mer.
Remblaiement
Dépêchés par la China Harbour Engineering Company (CHEC) – célèbre pour avoir construit sur l’eau, en prolongeant l’île de Taipa, l’aéroport international de Macao -, des dizaines d’ouvriers construisent le remblai qui permettra de gagner des mètres carrés sur l’océan et fera passer la superficie du Port-Môle de 4 à 43 ha.
Récupérées en eau profonde, des milliers de tonnes de sable sont acheminées jusqu’au rivage via d’énormes turbines immergées. D’un coût total de 450 millions de dollars (près de 327 millions d’euros) pour une livraison prévue en 2020, le chantier, piloté par l’Agence nationale des grands travaux (ANGT), se déroulera en deux phases.
La première, portant sur les opérations de dragage, de remblaiement et de construction d’infrastructures maritimes, va se prolonger jusqu’en novembre 2014. La seconde sera consacrée au développement de la zone commerciale et culturelle, comprenant un musée, un centre de conférences de 10 000 places, des boutiques, des restaurants, des hôtels, une plage, des terrains de sport… Sans oublier la sculpture monumentale qui doit être érigée sur une petite île artificielle et deviendra la figure de proue de Libreville, telle une statue de la Liberté.
Pôle d’attraction
Le Champ-Triomphal est l’un des « projets spéciaux » du plan de modernisation de la capitale voulu par le président Ali Bongo Ondimba. Ses objectifs : faire de la marina un pôle d’attraction majeur pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest, donner une identité forte et moderne à la ville, mais aussi améliorer la qualité de vie dans la capitale, en la dotant des équipements culturels et de loisirs dont elle manque cruellement.
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Alors que la pauvreté touche encore un Gabonais sur trois et que des quartiers entiers de Libreville n’ont pas accès à l’eau potable, certains déplorent que l’État n’ait pas accéléré la construction de logements sociaux et développé les services d’eau, d’électricité, de gestion des déchets et de transport urbain avant de lancer le chantier titanesque du Port-Môle. D’autant que d’autres projets spéciaux – ayant alimenté les rumeurs les plus folles – sont prévus.
Projets spéciaux
Immense domaine construit en 1977 pour abriter le sommet de l’Organisation de l’unité africaine (ancêtre de l’Union africaine), la Cité de la démocratie ne sera pas détruite, mais complètement transformée. Les trois palais existants, dont celui des Congrès, seront sérieusement liftés. Certains bâtiments ont déjà été démolis, d’autres seront construits, notamment pour accueillir des hôtes de marque en villégiature à Libreville.
Enfin, un golf 18 trous devrait être aménagé. Si l’ANGT refuse pour le moment de communiquer sur ce projet qui a suscité la polémique – ses détracteurs soulignant qu’il existe déjà un golf dans le sud de la capitale, le Golf Club de Libreville, à Mindoubé -, une source proche du dossier confie que le nouveau parcours devrait coûter environ « 15 milliards de F CFA » et que, contrairement à l’ancien, il pourrait recevoir des tournois professionnels.
En phase, donc, avec la vocation de la Cité de la démocratie, qui est d’accueillir des rencontres internationales, et avec les rêves d’Ali Bongo Ondimba qui, depuis son élection en 2009, ne cache son ambition de faire du Gabon un grand organisateur d’événements sportifs.
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