Libreville : entreprises cherchent logements désespérément

L’offre immobilière est insuffisante à Libreville, la capitale du Gabon. Qu’il s’agisse d’immobilier professionnel ou résidentiel. Et avec l’arrivée de nouvelles sociétés, la pénurie de bureaux devient criante.

Le siège flambant neuf de l’assureur Ogar, sur le boulevard du Bord-de-Mer à Libreville. © Xavier Bourgois/JA

Le siège flambant neuf de l’assureur Ogar, sur le boulevard du Bord-de-Mer à Libreville. © Xavier Bourgois/JA

GEORGES-DOUGUELI_2024

Publié le 2 janvier 2014 Lecture : 3 minutes.

Dans l’imaginaire des Gabonais, investir à long terme, c’est construire des bureaux. « Le problème, à Libreville, c’est que beaucoup de grands groupes n’ont pas de siège social digne de leur statut, attaque un entrepreneur. Regardez celui de Total Gabon : il ne reflète ni la puissance de l’entreprise, ni son ancienneté dans le pays, et encore moins le volume de ses activités. »

Un immeuble ultramoderne montre que l’on croit en l’avenir du pays. En revanche, des bureaux « provisoirement définitifs » signifient le contraire. Faut-il y voir l’une des raisons du désamour des habitants à l’égard de certaines sociétés ? Poser la question, c’est y répondre. Comment donner à la ville un aspect de modernité lorsque entreprises et établissements publics y sont si mal lotis, eux qui ont a priori les moyens de mieux se loger ?

la suite après cette publicité

Pénurie

Pendant des années, on a peu construit, et Libreville manque d’immeubles de bureaux. Ainsi, l’opérateur de téléphonie Airtel, le groupe bancaire panafricain Ecobank et la société de sécurité SGS ont pris leurs quartiers dans des locaux destinés initialement au résidentiel. Il en est de même pour des organismes publics tels que Gabon Oil, le Fonds gabonais d’investissements stratégiques, l’Agence de promotion des investissements et le Centre de développement des entreprises.

Le Conseil d’État est installé dans ce qui devrait être un hôtel, l’ONU dans des locaux résidentiels.

Dans le quartier de Batterie-IV, l’ONU a transformé des maisons en bureaux, tout comme la Banque africaine de développement (BAD) à Gué-Gué. Quant au Conseil d’État, il est pour le moment situé non loin de l’ambassade de Russie, dans un immeuble construit pour être… un hôtel !

la suite après cette publicité

Chantiers

Lentement, la pénurie commence à se résorber. L’assureur Ogar s’est récemment doté d’un immeuble flambant neuf sur le boulevard de l’Indépendance (ou du Bord-de-Mer).

la suite après cette publicité

Différents chantiers d’immobilier tertiaire sont en cours sur l’avenue Jean-Paul-II, dont ceux du Libreville Business Center, un complexe de deux tours de neuf et seize niveaux conçu par des architectes tchèques (16 000 mètres-carrés de bureaux et plus de 1 350 mètres-carrés de galeries commerciales), et du centre d’affaires BGFI de Libreville, un projet du cabinet français Ataub (14 500 mètres-carrés de bureaux, pour un investissement global de 32 millions d’euros).

Prix

En attendant la livraison de ces ouvrages, l’offre peine à satisfaire une demande de plus en plus importante en raison du développement et de l’attrait croissant du pays. Le prix moyen des loyers mensuels de l’immobilier tertiaire varie entre 10 000 et 18 000 F CFA hors taxes (entre 15,25 et 27,50 euros) le mètre carré, avec évidemment des pics dans le haut de gamme.

Ainsi, « le groupe Bolloré louait les espaces libres de son immeuble 32 000 F CFA le mètre-carré », précise un promoteur… Un prix du mètre carré relativement élevé, à plus de 48 euros par mois, contre environ 25,50 euros à Kinshasa et à Malabo, 14,50 euros à N’Djamena et 11,50 euros à Yaoundé, selon l’ »Africa Report » 2013 du cabinet Knight Frank relatif aux marchés de l’immobilier.

Lire aussi : 

Les 15 villes africaines les plus riches en 2030
Chères capitales africaines…
Dossier urbanisme : le béton et l’humain

« Le problème est qu’il y a encore peu de terrains viabilisés disponibles », explique Philippe Chandezon, directeur général du Bureau international de conseil et de promotion (BICP), dont le projet immobilier stagne à Angondjé, dans le nord de la ville.

« Les routes ne sont pas toutes construites et nous n’aurons pas d’eau avant un an, se plaint le Français. Et sur la deuxième tranche de mon chantier, des squatteurs que ni Dieu ni la justice ne semblent capables de faire déguerpir nous empêchent d’avancer. »

Encore peut-il s’estimer heureux d’avoir obtenu un titre foncier. D’autres ont été découragés par la procédure d’immatriculation, qui nécessite plus de 130 signatures et… dix ans de patience. Pour faciliter l’accession à la propriété foncière, une réforme est en cours qui devrait réduire le délai d’obtention des titres à six mois.

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

Contenus partenaires