Gaz : entre Alger et Madrid, un approvisionnement qui s’enraye
Après une suspension « momentanée » des livraisons de l’Algérie vers l’Espagne en raison d’un incident survenu le 24 juillet, la question de la baisse progressive des approvisionnements resurgit. Avec en toile de fond une crise diplomatique loin d’être résolue.
Dimanche 24 juillet, les turbines à gaz algériennes ont été « momentanément » suspendues en direction de l’Espagne. La cause ? « Un incident côté espagnol » sur le gazoduc Medgaz, souligne le géant pétro-gazier Sonatrach dans un communiqué. Le gestionnaire du réseau gazier espagnol Enagas évoque de son côté « une baisse temporaire » des flux avant la reprise des débits d’entrée habituels.
Si la panne technique a été résolue au bout de deux heures, la baisse des quantités de gaz acheminées vers Almeria persiste inlassablement depuis des mois. Derrière cette situation, une brouille diplomatique qui se cristallise alors que le gouvernement algérien reproche au gouvernement espagnol de Pédro Sanchez son soutien, en mars, au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental.
Dégringolade
Suspension du traité d’amitié et de coopération, menace de couper l’approvisionnement en gaz, réduction des livraisons et révision des contrats à la hausse… Alger, deuxième partenaire commercial de Madrid en Afrique, après Rabat, a durci le ton. En face, l’Espagne s’active pour se détourner de son désormais ex-premier fournisseur de gaz – récemment détrôné par les États-Unis.
En juin, 21,6 % des importations espagnoles provenaient d’Algérie, contre 30 % en mars, selon les données de l’agence espagnole de stockage pétrolier (Cores) et d’Engas. Des chiffres en berne par rapport à 2021, époque où le gaz algérien coulait à flots, à hauteur d’environ 40% du gaz importé par l’Espagne. Une baisse due également à la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe, qui traverse les terres marocaines.
À noter qu’avant la discorde diplomatique, les volumes de gaz exportés depuis Alger vers Madrid représentaient 10,7 milliards de mètres cube par an.
Alternatives
Pour garantir sa sécurité énergétique et contourner le tour de vis algérien, Madrid s’est tourné vers Washington et Moscou. Alors que le premier a livré 29,6 % des besoins espagnols en gaz au mois de juin, le second a assuré 24,4 % de la demande. Par ailleurs, le gouvernement espagnol a rejeté la demande de l’Union européenne, en froid avec Moscou, du « rationnement solidaire du gaz ».
« Nous défendons les valeurs européennes, mais l’on ne peut pas exiger de nous un sacrifice sur lequel nous n’avons même pas été consultés […]. Les familles espagnoles ne subiront pas de coupures de gaz ou d’électricité dans leur logement », commente Teresa Ribera, ministre espagnole de la Transition écologique.
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