Un site sacré détruit en Australie : 100 000 euros symboliques

Pour la première fois, un groupe minier devra payer une amende pour avoir détérioré un site sacré aborigène en australie. Une victoire toute relative.

Bootu Creek le 30 août 2011, après l’effondrement causé, selon la justice, par la société OM Ma © Mike Fawcett/AFP

Bootu Creek le 30 août 2011, après l’effondrement causé, selon la justice, par la société OM Ma © Mike Fawcett/AFP

Publié le 16 août 2013 Lecture : 2 minutes.

"Jamais une telle catastrophe ne s’était produite depuis des milliers d’années. Que va-t-il se passer ?" Gina Smith, représentante des Kunapa, une tribu aborigène du nord de l’Australie, est inquiète, mais aussi très en colère. Pourtant, le 2 août, la justice australienne a rendu un verdict historique : la compagnie minière OM Manganese, jugée coupable d’avoir profané et détruit en juillet 2011 le site sacré de Bootu Creek, a été condamnée à une amende de 100 000 euros. Une décision sans précédent qui pourrait bien faire jurisprudence dans ce pays où 80 % des mines exploitées sont en terre aborigène. Si ce bras de fer entre une société minière et une communauté autochtone est loin d’être le premier, il est sans doute le plus emblématique. En effet, le site des "Deux femmes assises", situé dans le Territoire du Nord, est un haut lieu du patrimoine aborigène. Il y a plus de quarante mille ans, deux des "ancêtres", esprits féminins dans des corps de marsupiaux, s’y seraient affrontés pour de la nourriture. Lors du combat, leur sang aurait éclaboussé le sable, les herbes et les roches alentour, leur donnant cette couleur carmin foncé aujourd’hui associée au manganèse…

Pour Peter Toth, directeur général d’OM Holdings (le groupe propriétaire d’OM Manganese), l’entreprise "a respecté le contrat et n’a jamais eu l’intention de détruire le site". De fait, l’Autorité de protection des sites aborigènes avait autorisé l’exploitation de la mine, située à proximité des rocs sacrés, à condition que ces derniers ne soient pas endommagés. "Quand en mars 2011, quelques mois après les premières explosions [de dynamite], des fissures sont apparues sur le piton rocheux de la Tête de cheval, la compagnie n’a pas arrêté les forages, explique Gina Smith, dépitée. En juillet de la même année, une partie du site s’est effondrée, mais, une fois de plus, OM Holdings a refusé de reconnaître sa responsabilité et a poursuivi les dynamitages. Cette amende est un pis-aller. Au fond, nos droits n’avancent pas."

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Un référendum pour reconnaître les Aborigènes

Le chemin est encore long pour les Aborigènes. En septembre 2012, le gouvernement australien renonçait ainsi à l’une de ses promesses électorales : un projet de référendum sur l’introduction dans la Constitution d’un paragraphe sur la reconnaissance des Aborigènes. La justification de la ministre des Affaires indigènes était sans ambiguïté : "Les Australiens ne sont pas prêts. S’il se tenait aujourd’hui, le référendum serait perdu."

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