RDC : des manifestations contre la Monusco à Goma tournent au pillage

Des centaines de manifestants en colère ont saccagé et pillé ce lundi 25 juillet à Goma les installations de la mission onusienne, accusée d’inefficacité dans sa lutte contre les groupes armés de l’est de la RDC. Le 18 juillet, la Monusco alertait déjà sur le risque d’actes hostiles contre son personnel et ses installations.

Des manifestants devant le siège de la Monusco à Goma le 25 juillet 2022. © Glody Murhabazi/AFP

Publié le 26 juillet 2022 Lecture : 3 minutes.

Après avoir barricadé les grandes artères de Goma, chef lieu de la province du Nord-Kivu, les manifestants, scindés en deux groupes, ont pris d’assaut le siège local de la mission onusienne ainsi que sa base logistique située hors du centre-ville. Au quartier général de la Monusco, les manifestants en colère ont brûlé des pneus et du plastique devant le portail avant d’escalader et de vandaliser l’enceinte. Ils ont ensuite cassé des vitres, des murs et pillé des ordinateurs, des chaises, des tables et des objets de valeur. Des agents de la Monusco présents sur le site ont été évacués à bord de deux hélicoptères.

De l’autre côté de la ville, des scènes similaires se sont produites sur la base logistique de la Monusco, où un élève en uniforme a été atteint à la jambe par une balle tirée de l’intérieur du site. La police onusienne a usé de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants avant l’intervention des militaires des Forces armées congolaises. Plusieurs manifestants ont été interpellés. La manifestation avait été organisée à l’appel des organisations de la société civile et du parti du président Félix Tshisekedi, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

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« La Monusco dénonce vigoureusement l’attaque de ses locaux à Goma, dans le Nord-Kivu, perpétrée par un groupe de pilleurs en marge d’une manifestation qui, de surcroît, a été interdite par le maire de la ville de Goma », écrit la mission dans un communiqué. « La Mission est très préoccupée par ce très grave incident qui intervient au lendemain de propos hostiles et de menaces non voilées émis de la part d’individus et de groupes à l’encontre des Nations Unies », ajoute ce communiqué. L’ambassade des États-Unis en RDC a également réagi sur Twitter pour appeler le gouvernement congolais à faire en sorte « que les responsables de ces actes soient traduits en justice ».

« Plier bagages »

De son côté, le gouvernement a assuré suivre de près la situation.  Patrick Muyaya, porte-parole de l’exécutif a « condamné fermement toute forme d’attaque contre le personnel et les installations des Nations Unies ». « Les responsables seront poursuivis et sévèrement sanctionnés », a-t-il promis le 25 juillet sur Twitter, avant  de préciser, le lendemain, que le gouvernement « a instruit les FARDC et la police congolaise à prendre toutes les dispositions pour assurer un retour au calme et la reprise normale des activités ».

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Si ce n’est pas la première fois que la mission onusienne est la cible de telles manifestations, ces violences interviennent dans un contexte particulier. Le 15 juillet à Goma, le président du Sénat congolais, Modeste Bahati, avait demandé à la Monusco de « plier bagages ».  Présente depuis 1999 au Congo – d’abord sous le nom de Monuc –, cette mission a longtemps été l’une des plus coûteuses de l’ONU avec un budget annuel avoisinant 1 milliard de dollars. La mission compte actuellement plus de 14 000 soldats de la paix mais elle est régulièrement accusée d’inaction face à l’insécurité.

Trois jours après les propos du président du Sénat, la Monusco avait adressé une note verbale au ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula. Dans ce courrier, la mission évoquait son « inquiétude » face à la recrudescence de « discours hostiles émanant de représentants de l’État ou de ses institutions, de personnalités et de figures publiques, de groupes d’influence ou de personnes présentées comme membres influents de la société civile ». Elle alertait aussi sur « le risque d’actes hostiles contre le personnel et les installations de la Monusco ».

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Avec AFP

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