Cameroun : sécurité, mémoire et pas de sujet qui fâche… L’essentiel de la rencontre entre Paul Biya et Emmanuel Macron

À Yaoundé, les deux chefs d’État ont fait le tour des questions cruciales du moment et le point sur les relations bilatérales entre les deux pays. Tour d’horizon de leurs échanges.

Le président français Emmanuel Macron accueilli par son homologue camerounais Paul Biya à son arrivée au palais d’Etoudi, à Yaoundé, le 26 juillet 2022. © Ludovic MARIN/AFP

Publié le 26 juillet 2022 Lecture : 3 minutes.

Censées durer 90 minutes, les discussions entre Paul Biya et Emmanuel Macron ont finalement légèrement dépassé les deux heures, ce mardi 26 juillet. À l’issue de leur entretien qui s’est tenu à la mi-journée à Yaoundé, les deux chefs d’États ont regagné le salon des ambassadeurs du palais de l’Unité où s’est déroulée la traditionnelle conférence de presse organisée lors des visites officielles. Au cours de leurs échanges, tous les deux ont réaffirmé « la solidité des relations » entre leurs deux pays, avant de revenir un peu plus en détail  sur le contenu de leur conversations.

Malgré la promesse française de renouveler la relation entre Paris et l’Afrique, pas de sujet qui fâche au menu de cette visite, la première du président français en Afrique depuis sa réélection en mai dernier. Premier sujet abordé au cours du tête-à-tête : la crise en Ukraine et ses conséquences négatives sur la sécurité alimentaire. Les deux présidents ont convenu « que tout doit être mis en œuvre pour une cessation rapide des hostilités », ceci en remplaçant la « logique de la confrontation à celle de la conciliation et du dialogue ».

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Reprendre du terrain

Le président camerounais s’est cependant garder de condamner la Russie, faisant valoir le droit de non-ingérence qui caractérise la diplomatie de son pays. Le président français a pour sa part manifesté son inquiétude quant à l’avancée de l’influence russe en Centrafrique et au Mali, dénonçant « des manœuvres de captation des matières premières en échange d’un soutien sécuritaire à des pouvoirs politiques affaiblis ou à des juntes ».

C’est bien là l’enjeu de ce déplacement à haut risque du président français : tenter de reconquérir du terrain face à d’autres puissances. Sur le plan économique, le président français a reconnu le recul de la présence économique française au Cameroun. Il a ainsi salué le dynamisme de l’économie camerounaise qui bénéficie de « cet effet de concurrence ».

Emmanuel Macron a évoqué son ambition de diversifier la coopération entre son pays et le Cameroun en mettant l’accent sur le secteur agricole. Prenant exemple sur le français Pierre Castel qui, a travers sa filiale SABC, a investi près de 18 milliards de F CFA dans une maïserie, le président français a présenté son initiative Food & Agriculture Resilience Mission (FARM) et des opportunités qu’elle pourrait ouvrir au Cameroun.

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Ouverture des archives

Emmanuel Macron et Paul Biya ont également longuement évoqué les questions de défense, notamment les crises sécuritaires auquel est confronté le Cameroun, dans le Nord menacé par Boko Haram et dans les régions occidentales en proie aux velléités séparatistes. Le président camerounais a plaidé pour un renforcement de la coopération militaire entre les deux pays, spécifiquement en ce qui concerne la formation des officiers et des unités sur le terrain. De son côté, Emmanuel Macron a souligné la nécessité de procéder à « une véritable décentralisation », présentant la régionalisation comme une solution à la crise qui secoue les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Également attendu sur les questions de mémoires, Emmanuel Macron a promis qu’une équipe d’historiens ferait la lumière sur le passé pour écrire une histoire commune des relations entre les deux pays. « Nous devons lancer ensemble un travail conjoint d’historiens français et camerounais qui pourront ainsi avoir accès à la totalité de nos archives. Je prends ici l’engagement d’ouvrir en totalité nos archives pour éclairer ce passé », a-t-il indiqué en conférence de presse.

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« Je n’entends pas »

Aucune autre annonce forte n’a été faite à l’issue des échanges entre les deux présidents. Les question délicates relatives à l’état de droit dans le pays ont été évitées, Emmanuel Macron assurant qu’il parlera des questions de démocratie avec des jeunes représentants des sociétés civiles françaises et camerounaises plus tard dans la journée. Il devait assurer une rencontre sur ce thème à Étoudi, le village de Yannick Noah, avant de s’envoler le 27 juillet vers le Bénin puis la Guinée-Bissau.

Pas un mot, non plus, sur l’extraordinaire longévité – 40 ans – de Paul Biya au pouvoir… ou presque. À la question d’une journaliste de RFI qui souhaitait savoir si le président camerounais se représenterait en 2025, celui-ci a d’abord répondu qu’il « n’entendait pas », avant que d’assurer que le « Cameroun est dirigé conformément à sa Constitution ». « Quand ce mandat arrivera à expiration, vous serez informés sur le point de savoir si je reste ou si je vais au village », a-t-il conclu.

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