Abderrezak Mokri : « Je veux fédérer les Algériens »
Abderrezak Mokri, Président du Mouvement de la société pour la paix (le MSP) veut un changement pacifique et une organisation calme des élections présidentielles de 2014.
Jeune Afrique : Les événements qui secouent la Tunisie et l’Égypte auront-ils un impact direct sur la vie politique en Algérie ?
Abderrezak Mokri : Je ne le pense pas, chaque pays a sa propre histoire, ses spécificités. Les environnements géo- et sociopolitiques sont différents. Cela dit, l’injustice flagrante qui frappe le courant islamiste dans ces pays peut nous aider à mieux convaincre l’opinion publique algérienne du bien-fondé de notre approche. Du fait de la corruption, de la mal-gouvernance et du clientélisme, notre nation est en péril. C’est nous qui incarnons le changement pacifique, et ce qui se passe dans la sous-région le prouve.
On évoque aujourd’hui la possibilité d’un scénario à l’algérienne pour l’Égypte. Pensez-vous que, dans quelques mois, un scénario à l’égyptienne soit possible en Algérie au cas où vous remporteriez la présidentielle de 2014 ?
On ne peut l’exclure, mais cela me paraît hautement improbable. Les douloureux événements que nous avons vécus et auxquels vous faites allusion ont contribué à doter notre classe politique d’une certaine maturité. Il n’y a pas chez nous les ruptures entre les grandes familles idéologiques qui caractérisent aujourd’hui la vie politique en Tunisie ou en Égypte. Cela est illustré par le travail de coordination que nous menons avec des partis laïcs ou de gauche, à l’instar de ce que nous faisons avec le Rassemblement pour la culture et la démocratie [RCD].
Cette approche est assez nouvelle. Elle est liée à votre personne. Votre prédécesseur n’y avait jamais songé…
Pas du tout. Ce n’est pas mon approche, et elle n’est pas contradictoire avec celle de mon prédécesseur. Elle est le produit de l’école de feu Mahfoud Nahnah [fondateur de la section algérienne des Frères musulmans disparu en 2003]. Travailler avec toutes les forces politiques, sans exclusive, nourrir la culture de l’écoute, de la coalition ou de l’alliance électorale font partie des constantes de notre engagement.
Avez-vous des inquiétudes particulières avant la présidentielle d’avril 2014 ?
Ce ne sont pas seulement les miennes, je partage celles qui hantent tous les esprits à la veille de cette échéance déterminante pour l’avenir de notre pays et qui obsèdent la quasi-totalité de la classe politique algérienne : le système continuera-t-il à imposer un candidat de consensus pour perpétuer sa tutelle sur le peuple en confisquant son choix ? Un tel scénario menacerait gravement la stabilité sociopolitique du pays, maintiendrait le statu quo institutionnel, obérerait toute idée de réformes économiques et de modernisation de l’État.
À moins de huit mois de la présidentielle, on n’enregistre aucune candidature crédible, et les grands partis ne se sont toujours pas prononcés…
On ne se lance pas dans une compétition alors que les règles du jeu ne sont pas encore définies. Le problème de l’Algérie n’est pas sa classe politique mais son système. Pour assurer sa pérennité, ce dernier change les règles, les adapte en fonction de ses intérêts. Les partis ont-ils tort de demander des garanties ?
Quel type de garanties ?
Que le processus électoral ne soit plus confié au ministère de l’Intérieur. Au nom de quoi l’organisation du scrutin ne pourrait pas être confiée à une structure indépendante, comme en Tunisie par exemple ? C’est le gage de transparence le plus sûr et le meilleur moyen d’accorder à l’ensemble des candidats les mêmes chances.
Serez-vous candidat en avril 2014 ?
Les instances de notre parti en décideront en temps voulu. Pour l’heure, je m’efforce d’abord de fédérer la famille islamiste, puis l’ensemble des partis, pour que l’on parvienne, ensemble, à l’élaboration d’une plateforme et d’une charte de bonne conduite électorale.
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