Eyadéma : « Frappez à l’heure de la sieste ! »

Publié le 23 août 2013 Lecture : 2 minutes.

L’aviation ivoirienne a été anéantie par les Français dans les jours suivant l’attaque sur Bouaké, mais un autre plan était en préparation pour détruire cet arsenal depuis le Togo. Quelques mois avant le raid du 6 novembre 2004, le président Gnassingbé Eyadéma et l’un de ses fidèles généraux avaient reçu à Lomé le colonel Bakayoko, le responsable militaire de la rébellion de Guillaume Soro, aujourd’hui chef d’état-major de l’armée ivoirienne. Bakayoko leur avait demandé de l’aide pour détruire la flotte d’hélicoptères ivoirienne, abritée sous les hangars du Groupement aérien de transport et de liaison (GATL), à Abidjan, afin d’empêcher une action contre les positions rebelles.

Pour accomplir cette mission, quatre Français vivant au Togo (un ancien saint-cyrien, un ex-gendarme du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale, le GIGN, un pilote et son assistant) furent approchés. Ils effectuèrent des repérages à Abidjan et envisagèrent d’utiliser un avion privé de type King Air 90 pour cette attaque éclair. Son décollage était programmé à 12 heures pour arriver à destination après une heure cinquante de vol – à l’heure où les militaires en faction ont l’habitude de faire la sieste, avait précisé Eyadéma en fin connaisseur des moeurs locales.

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Coût de l’opération : 4 millions de dollars

Une fois la porte arrière de l’avion ouverte, un tireur d’élite devait réaliser un premier tir de RPG 7 sur les stocks de munitions suivi d’un deuxième pour détruire les hélicoptères d’attaque MI-24. L’opération au sol ne devait pas durer plus de cent quatre-vingts secondes. Coût de l’opération payée par les rebelles : 2 millions de dollars pour les pilotes, deux autres pour le tireur et son assistant, dont la moitié payable d’avance. Pour des raisons mystérieuses, l’opération a finalement été abandonnée.

Eyadéma n’avait jamais caché sa sympathie pour Guillaume Soro, dont la témérité lui rappelait sa jeunesse, mais aidait aussi Laurent Gbagbo à se réarmer. Il avait notamment permis au président ivoirien d’acquérir deux hélicoptères MI-24 et divers types de munitions entre le 29 octobre et le 12 décembre 2002 via la société Darkwood Ltd de Robert Montoya. Cet ancien du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), reconverti dans la vente d’armes et le gardiennage privé, avait ficelé le contrat avec Moïse Lida Kouassi, alors ministre ivoirien de la Défense.

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