Cameroun : le FMI décaisse 72,9 millions de dollars malgré un bilan « mitigé »

Les progrès sont encore timides, mais les performances macroéconomiques « satisfaisantes », juge l’institution de Bretton Woods, qui accorde un nouveau soutien à Yaoundé au titre du programme triennal approuvé en juillet 2021.

Louis Paul Motaze est le ministre camerounais des Finances depuis 2018. © Nicholas Karlin/World Bank

Publié le 26 juillet 2022 Lecture : 2 minutes.

Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé le 25 juillet que son conseil d’administration a validé la deuxième revue des accords avec le Cameroun, au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) et du Mécanisme élargi de crédit (MEDC). Et ce, dans le cadre des accords triennaux approuvés le 29 juillet 2021, mis en place pour accompagner le programme de réformes économiques et financières du pays, d’un montant 262,2 millions de droits de tirages spéciaux (DTS), environ 346,1 millions de dollars.

Au terme de la deuxième revue du FMI, le Cameroun va bénéficier de décaissements de 72,9 millions de dollars de la part de l’institution. Dans le détail, 18,4 millions de droits de tirage spéciaux (DTS ; environ 24,3 millions de dollars) au titre de la FEC et 36,8 millions de DTS (environ de 48,6 millions de dollars) au titre du MEDC seront déboursés, malgré des résultats globaux du programme de financement jugés « mitigés ». Une évaluation similaire aux conclusions de la première revue au mois de février qui, en dépit de performances macroéconomiques « globalement satisfaisantes », mettaient en lumière des progrès jugés « lents » en matière de réformes structurelles.

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3,8 % de croissance en 2022

« Les résultats du Cameroun au titre du programme restent conformes aux objectifs et les réformes structurelles progressent, même si des retards sont observés dans certains domaines essentiels », a déclaré à l’issue de la réunion du conseil d’administration Kenji Okamura, directeur général adjoint et président par intérim du Fonds. Ce dernier souligne la nécessité d’une « mise en œuvre effective » de réformes renforçant la transparence, la gouvernance et le cadre de la lutte de la corruption pour continuer d’obtenir des financements. « La reprise a fait l’objet d’incertitudes accrues compte tenue des pressions inflationnistes, des faibles taux de vaccination et du durcissement des conditions financières. » ajoute-t-il.

Publiée le 23 février, la veille du début de l’invasion russe en Ukraine, la première revue du FMI tablait sur une forte hausse de la croissance du pays (+3,1 % en 2021), témoignant d’une grande résilience de l’économie camerounaise soutenue par une forte reprise des secteurs primaire et tertiaire. Une performance réalisée après une année 2020 marquée par le Covid-19, la croissance était à l’époque de seulement 0,5 %. De même, les projections de croissance s’annonçaient prometteuses : 4,5 % en 2022 et 4,8 % à partir de 2023. Mais la guerre en Ukraine et ses retombées – forte inflation globale sur les produits alimentaires et le carburant, durcissement des conditions financières – ont tout bouleversé.

Bien que le FMI assure que les perspectives de croissance demeurent positives, celles-ci restent toutefois marquées par « de grandes incertitudes ». Ainsi, en 2022 , la croissance du PIB réel devrait s’élever à 3,8 %, soit -0,7 point en comparaison aux premières revues du programme. L’inflation de son côté devrait augmenter à 4,6 % en 2022 mais devrait rester inférieure à 3 % à moyen terme.  Malgré cette pression sur les prix, l’institution précise toutefois que le Cameroun pourrait tirer profit « des nouvelles possibilités relatives au pétrole et au gaz », avec des projections estimée à +2,9 % sur les recettes pétrolières en 2022, ainsi que de l’achèvement de grandes centrales hydroélectriques. Le « solide » bilan des autorités sur la mise en œuvre des programmes macroéconomiques a également pesé dans la décision du conseil d’approuver le déblocage de cette nouvelle enveloppe.

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