Sans les femmes, pas de paix dans les Grands Lacs !

Publié le 13 août 2013 Lecture : 3 minutes.

Il ne se passe pas une semaine sans que de nouveaux combats soient signalés dans l’est de la RDC. Les violences qui dévastent la région depuis deux décennies ont coûté la vie à plus de cinq millions de personnes. Et pourtant, elles font rarement les gros titres des journaux. Plus personne ne semble s’en indigner, malgré le lourd tribut payé par les femmes et les enfants dans cet interminable conflit. Mais comme je l’ai dit le mois dernier devant le Conseil de sécurité de l’ONU : jamais je n’accepterai que le viol devienne la norme.

Lorsque Ban Ki-moon m’a demandé de devenir son envoyée spéciale pour la région des Grand Lacs, je me suis senti une responsabilité particulière envers les mères, les filles et les grands-mères qui, depuis ma première visite dans la région en tant que chef de l’État irlandais, en 1994, ont partagé leurs souffrances avec moi à Bujumbura, Bukavu, Goma, Kigali ou Kinshasa.

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Ce sont elles qui ont le plus souffert. Et pourtant, j’estime que ce sont aussi ces femmes qui sont le meilleur espoir de paix pour la région. Lorsque les hommes prennent les armes, ce sont les femmes qui maintiennent le tissu communautaire. Cela les rend plus fortes et mieux à même de jouer un rôle clé pour assurer une paix durable, comme l’ont montré les exemples de l’Irlande du Nord et du Liberia. Sans leur soutien, aucun accord ne peut tenir.

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J’estime que l’accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RD Congo et la région, signé par onze pays africains à Addis-Abeba en février, offre une occasion de faire les choses différemment. C’est pour cela que je l’ai baptisé "l’accord de l’espoir". J’ai commencé à travailler à sa mise en oeuvre à la fois "par le haut", avec les onze chefs d’État signataires, et "par le bas", avec les populations qui en seront les véritables bénéficiaires.

En tant que première femme à être nommée à un poste d’envoyé spécial de l’ONU, je me suis engagée à faire en sorte que les femmes soient représentées à la table des négociations. Le mois dernier, avec le soutien de Femmes Africa Solidarité et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, j’ai réuni à Bujumbura plus de 100 femmes de toute la région, y compris les ministres du Genre de la RD Congo, du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi. À la suite de cette réunion, les conséquences tragiques des violences sexuelles seront prises en compte dans les indicateurs que nous développons pour veiller à la mise en oeuvre de l’accord de paix.

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Je me sens portée par l’énergie des femmes que j’ai rencontrées à Bujumbura. Je compte sur elles pour exiger de leurs dirigeants qu’ils soient à la hauteur des engagements qu’ils ont pris.

Pour ma part, je continuerai de soutenir les initiatives de femmes. Je me réjouis que la Banque mondiale ait débloqué 150 millions de dollars pour des projets basés sur le genre, en plus du million de dollars déjà alloué à la région. J’invite les donateurs à se montrer encore plus stratégiques dans leur soutien à "l’accord de l’espoir". Il est essentiel de pouvoir démontrer les bénéfices économiques d’une paix durable fondée sur le développement – ce que j’appelle les dividendes de la paix.

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Presque six mois après la signature de ­l’accord d’Addis-Abeba, les groupes armés continuent de semer la terreur dans l’est de la RD Congo. C’est inacceptable.

Je continue cependant de garder l’espoir que cette fois-ci, avec le soutien de la société civile et avant tout des femmes, nous allons parvenir à restaurer la paix dans les Grands Lacs.

"Je ne suis pas optimiste, je suis prisonnier de l’espoir", a l’habitude de dire mon ami Desmond Tutu, avec qui je siège au sein des Elders. Les femmes des Grands Lacs entretiennent mon espoir pour la région.

>> Lire aussi : RDC : un numéro vert contre les violences faites aux femmes
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Mary robinson, Envoyée spéciale du secrétaire général des nations unies pour les Grands Lacs et membre des Elders.

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