Mali : la fierté retrouvée ?

Christophe Boisbouvier

Publié le 19 août 2013 Lecture : 2 minutes.

Avec l’arrivée d’un nouveau président élu, les Maliens vont-ils reprendre leur destin en main ? Ces dernières années, ce n’était pas le cas. Quand le président Amadou Toumani Touré (ATT) souhaitait demander l’aide de la France pour traquer les jihadistes du Nord-Mali, Alger s’y opposait… et il s’inclinait. Quand il voulait faire le ménage lui-même, il ne trouvait pas les troupes nécessaires et devait demander le soutien de l’armée mauritanienne, qui avait pris l’habitude d’entrer sur son territoire sans même le prévenir ! Après le putsch de mars 2012, le Mali est même devenu un terrain de jeu. Le Burkina Faso y a imposé le Premier ministre de son choix, Cheick Modibo Diarra. L’Algérie y a actionné un mouvement rebelle, Ansar Eddine. Et en juin dernier, ce sont la Côte d’Ivoire et la France qui ont fait plier Bamako sur la date de l’élection.

>> Lire : "Mali : Ibrahim Boubacar Keïta remporte l’élection présidentielle avec 77,61 % des voix (officiel)"

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Derrière le taux de participation exceptionnel du premier tour du 28 juillet (48,9 %), il y a eu "un sursaut national", se réjouit le numéro deux de la Minusma, le Sénégalais Abdoulaye Bathily. Cela dit, ce premier tour est loin d’avoir été parfait. Pratiquement aucun des 175 000 Maliens réfugiés dans les pays voisins n’a pu voter. Même chose pour les Maliens de France. Surtout, quelque 390 000 bulletins, c’est-à-dire 13,2 % des suffrages, ont été déclarés nuls. Si le dépouillement du second tour révèle de nouvelles défaillances, le perdant aura beau jeu de dénoncer la mauvaise préparation d’un scrutin organisé à la hâte sous la pression de Paris. Le 17 juillet, le candidat Tiébilé Dramé a averti qu’à ses yeux le vote ne serait ni libre ni équitable. Il s’est retiré de la course en affublant le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, du titre de "directeur des élections au Mali". Après le premier tour, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lui a rétorqué : "Les Maliens ont contredit les oiseaux de mauvais augure." Il reste que beaucoup de Maliens pensent, comme l’ex-candidat Oumar Mariko, qu’ils ont voté dès juillet parce que "papa Hollande l’a voulu ainsi".

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