Burkina Faso : Blaise Compaoré demande pardon au peuple et à la famille de Thomas Sankara
Ce mardi, une délégation venue de Côte d’Ivoire a livré un message de l’ancien président à Paul-Henri Sandaogo Damiba. Cette démarche intervient moins de trois semaines après un bref retour de l’ex-chef de l’État à Ouagadougou.
« J’appelle nos compatriotes, les filles et fils de l’intérieur comme de l’extérieur, à une union sacrée à la tolérance et à la retenue, mais surtout au pardon, pour que prévale l’intérêt supérieur de la nation », écrit l’ancien président Blaise Compaoré dans un courrier adressé aux Burkinabè et livré ce 26 juillet par une délégation venue de Côte d’Ivoire, où vit l’ex-chef de l’État depuis son exil, en 2014.
Trente-cinq ans plus tard
Les mots les plus marquants sont ceux destinés à la famille de Thomas Sankara : « Je demande pardon au peuple burkinabè pour tous les actes que j’ai pu commettre pendant mon magistère, plus particulièrement à la famille de mon frère et ami Thomas Isidore Noël Sankara. J’assume et déplore, du fond du cœur, toutes les souffrances et drames vécus par toutes les familles durant mes mandats à la tête du pays et [leur] demande de m’accorder leur pardon. »
Des mots écrits alors que Blaise Compaoré a été condamné en avril dernier à la prison à perpétuité pour son rôle dans l’assassinat de l’ancien président, il y a trente-cinq ans. Sera-t-il entendu ? La famille de Thomas Sankara n’avait pas encore réagi mardi en fin d’après-midi.
Soutien ivoirien
La délégation venue de Côte d’Ivoire a rencontré le président de la transition, le colonel putschiste Paul-Henri Sandaogo Damiba, à Kosyam, ce mardi 26 juillet, pour lui remettre le message. Elle était composée de Djamila Compaoré, la fille de l’ancien président, et d’Ally Coulibaly, l’un des plus fidèles collaborateurs d’Alassane Ouattara. Yéro Boly, le ministre burkinabè chargé de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale, était également présent.
Ally Coulibaly a expliqué le sens de cette démarche. Il a souligné le « soutien » d’Alassane Ouattara au processus lancé par Damiba. « Pour lui [le président ivoirien], la condition pour que le Burkina Faso puisse s’en sortir, c’est la cohésion et l’union des fils et filles de ce pays. […] Alassane Ouattara souhaiterait que le peuple frère du Burkina Faso entende ce message extrêmement fort de l’ancien président Blaise Compaoré à qui il accorde l’hospitalité en Côte d’Ivoire depuis huit ans par humanisme et en raison des valeurs auxquelles il croit, au nombre desquelles la dignité humaine et le respect de l’intégrité des personnes. »
Rencontre à haut risque
La lettre de Blaise Compaoré est datée du 8 juillet, date à laquelle Damiba avait convié tous les anciens chefs de l’État burkinabè à une rencontre de « réconciliation ». Un rendez-vous à haut risque à cause des réticences d’une partie de l’opinion publique à l’égard du retour de Blaise Compaoré dans son pays natal.
Ces retrouvailles ne s’étaient d’ailleurs pas déroulées comme prévu. Roch Marc Christian Kaboré, renversé en janvier dernier par Damiba, avait décidé à la dernière minute, sous la pression de ses partisans, de ne pas effectuer le déplacement. Michel Kafando et Yacouba Isaac Zida avaient également décliné l’invitation.
Blaise Compaoré s’est néanmoins réjoui d’avoir pu rentrer au pays. Dans son courrier, il exprime « sa profonde reconnaissance aux autorités de la transition ».
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