Algérie : Nabil Mellah, un succès qui dérange ?
Patron de MERINAL, premier laboratoire pharmaceutique en Algérie, Nabil Mellah a été condamné à 4 ans de prison ferme le 31 juillet. Citoyen engagé, ce chef d’entreprise dérange-t-il les lobbies du médicament ?
Les tracasseries administratives, les blocages bureaucratiques, les pressions politiques, les auditions chez les juges et les procureurs ou encore les audiences dans les tribunaux… c’est peu dire que depuis cinq ans, Nabil Mellah, le directeur général du premier laboratoire privé MERINAL (1 000 collaborateurs et 114 millions d’euros de chiffre d’affaires), n’a pas été épargné.
Mais il ne s’attendait pas à se retrouver derrière les barreaux pour infraction aux règlements de contrôle de change et blanchiment d’argent. En cette fin juillet 2022, Nabil Mellah boucle son quatorzième mois à la prison d’El Harrach, dans la banlieue d’Alger. La perspective de quitter ce pénitencier s’est éloignée lors de son procès du 24 juillet, quand le procureur a requis sept ans de prison contre le chef d’entreprise qui a fêté ses 50 ans dans sa cellule.
Cabale
De mémoire d’avocats, rarement un procès n’a été mené de façon aussi surréaliste, tant les éléments du dossier plaidaient pour un classement de l’affaire, ou un non-lieu. D’autant que le procureur, fait rare dans les annales judiciaires, a repris la parole après les plaidoiries des avocats pour appuyer son réquisitoire. Comment un appel d’offres international a-t-il débouché sur une affaire judiciaire qui s’apparente, à en croire les avocats de la défense, à une cabale et à une erreur judiciaire manifeste ?
En juin 2015, la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) lance un appel d’offres pour la fourniture de produits pharmaceutiques dont des immunosuppresseurs – utilisés pour prévenir les rejets de greffes d’organes et traiter les maladies auto-immunes. MERINAL soumissionne pour le marché à travers sa compagnie sœur Vapropharm, spécialisée dans l’importation et la distribution de produits pharmaceutiques et de dispositifs médicaux.
Le contrat pour la fourniture de 60 000 boites d’immunosuppresseurs pour une durée de trois ans renouvelables est finalement accordé à Mylan, un laboratoire américain de génériques. Celui-ci avait soumissionné pour 9,1 euros l’unité, contre 15,50 euros pour Vapropharm.
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