Les sociétés de conciergerie, ces entreprises qui gèrent tout pour les riches
Des sociétés qui proposent de gérer vos vacances, vos réservations au restaurant, voire de vous procurer un jet dans l’heure. Vous en rêviez… Ils le font.
Opulence et démesure, voyage au coeur de la planète fric
Quel qu’en fût le prix à payer, ces riches Américains voulaient goûter la cuisine d’Alain Ducasse, le célèbre cuisinier français. Mais réserver une table pour six personnes, l’après-midi pour le soir, dans l’un de ses célèbres restaurants parisiens relève de la gageure. Tous sont complets des mois à l’avance. Finalement, Ultimate Luxury for You and Only You (UUU) négociera pour eux un salon privé à l’Athénée Plazza… Voici le quotidien, ou presque, des sociétés de conciergerie. Être membre de l’une d’elles permet de se dégager de toutes les contraintes organisationnelles : partir en voyage dans des conditions exceptionnelles, ou, plus excentrique, se procurer le dernier sac Hermès fabriqué en série limitée. La seule barrière est la loi. Ces services ne sont plus réservés à une élite occidentale : Moyen-Orient, Asie et Afrique ont rejoint l’Europe et les États-Unis, où ce business s’est fortement développé depuis dix ans. "J’étais le seul à Paris quand j’ai ouvert en 2003, se souvient le Franco-Béninois Zakary Chanou, PDG de UUU. Aujourd’hui nous sommes 700 !" L’Afrique est pour lui un relais naturel. Comptant déjà sur des sous-traitants dans plusieurs pays, il projette l’ouverture d’une filiale à Marrakech cette année et d’une autre à Dakar ou à Libreville en 2014.
Les riches Africains ont un rapport à l’argent décomplexé
Le marché marocain est déjà très concurrentiel. Parmi les acteurs locaux, la Société maghrébine de service et assistance (SMSA) n’en finit plus de répondre aux demandes extravagantes, comme pour mieux prouver sa capacité à résoudre tous les problèmes… de riche : un coiffeur sur un yacht dans l’heure ? Mission accomplie. Un véritable camion de pompiers pour l’anniversaire de votre fils ? Pas de souci. Installée au Gabon, en Côte d’Ivoire et en France, la société marocaine propose un abonnement aux particuliers à partir de 1 740 euros par an et aux entreprises autour de 400 euros par mois (pour 150 salariés). Le client reste, bien sûr, redevable de la facture finale, sur laquelle la conciergerie touche un pourcentage : "Finalement, être membre donne accès au service, mais ce qui nous fait vivre, c’est la consommation du client", explique Yves Abitbol, président de MyConcierge, basé à Paris et qui négocie actuellement un joint-venture avec une entreprise marocaine. Ses clients affichent ainsi des revenus annuels supérieurs à 300 000 euros. Avec 5,5 millions d’euros de chiffre d’affaires prévu en 2013 (+ 30 % par rapport à 2012), réalisé à 80 % avec des clients français, le patron est enthousiaste quant à l’avenir de la conciergerie en Afrique, et notamment dans le royaume chérifien. "Accéder à ce type de services est plus naturel, plus ancré dans les moeurs ici qu’en France", assure-t-il. "C’est vrai que les riches Africains ont un rapport à l’argent proche de celui qu’entretiennent les Anglo-Saxons", relève Zakary Chanou. Comprendre : les fortunés du continent sont plus décomplexés. Et parfois, il suffit d’être observateur. Ce qui permet de remarquer, par exemple, ce ministre congolais en vacances à Paris obligé de faire la queue à la douane de l’aéroport pour répondre à un interrogatoire auquel peu de dirigeants non africains se soumettraient… "Je suis allé le voir pour lui proposer nos services, raconte ainsi le patron de UUU. Nous sommes capables de gérer toutes les formalités tandis que notre client patiente dans un salon." Nul doute que ce business a de l’avenir en Afrique. Car ici comme ailleurs, l’exigence et la qualité du service n’ont pas de prix.
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