1988, Brazzaville confidential
Il y a vingt-cinq ans, le 22 août 1988, l’Afrique du Sud et l’Angola concluaient à Ruacana un accord déterminant pour l’avenir de l’Afrique australe : l’indépendance de la Namibie en échange du départ des troupes cubaines d’Angola. Un accord historique qui dut beaucoup aux efforts du président congolais Denis Sassou Nguesso (DSN), lequel abrita pendant deux ans et demi des pourparlers secrets à Brazzaville.
Le voile qui entoure les négociations qui ont eu lieu il y a 25 ans, le 22 août 1988, entre l’Afrique du Sud et l’Angola, se lève peu à peu. Ainsi du rôle clé joué par le colonel Pierre Oba, à l’époque patron de la police congolaise (aujourd’hui général et ministre des Mines), qui effectua pas moins de douze voyages clandestins à Pretoria sur ordre de DSN, alors que son quasi-homologue sud-africain, le général Van Tonder, se rendait tout aussi secrètement à Brazza. Anecdote jusqu’ici inconnue : l’Ivoirien Houphouët-Boigny, partisan controversé d’un dialogue public avec le pays de l’apartheid, avait dépêché dans la capitale congolaise son ministre des Affaires étrangères, Siméon Aké, afin de suivre les tractations. Aké rendait compte chaque soir à son président, au téléphone et en langue baoulée, depuis sa chambre de l’hôtel Marina. Or cette dernière avait, comme il se doit, été "sonorisée" par les services congolais, qui avaient en outre pris soin de recruter une traductrice baoulé-français. Un système qui fonctionna à merveille jusqu’au jour où l’américain Chester Crocker, le "Monsieur Afrique" de Ronald Reagan, de passage à Brazza, rendit visite à Aké dans sa chambre. Les spécialistes de la CIA qui l’accompagnaient y détectèrent aussitôt les micros, au grand étonnement du ministre, bien naïf pour le coup. Ou quand la petite histoire rejoint la grande…
>> Lire aussi : "Concertation nationale en RDC : Denis Sassou Nguesso, le médiateur"
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