Djillali Difallah, l’aventurier de la tombe perdue

Djillali Difallah jure avoir découvert la sépulture d´Alexandre le Grand. Mais en 2002, il fut surtout l´un des prota­gonistes de l´affaire dite du « bagagiste de Roissy ».

Djillali Difallah lors de sa conférence à l’Institut du monde arabe, le 25 juillet. © Laurent de Saint Perier pour J.A.

Djillali Difallah lors de sa conférence à l’Institut du monde arabe, le 25 juillet. © Laurent de Saint Perier pour J.A.

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Publié le 7 août 2013 Lecture : 2 minutes.

Nous avons évoqué la semaine dernière la très extraordinaire histoire de Djillali Difallah, qui, à l´en croire, aurait découvert en Jordanie les tombes d´Alexandre le Grand, de Cléopâtre et de Marc-Antoine, toutes entourées de fabuleux trésors. Mais sous la défroque de l´aventurier des sables, le Dr Djillali ne dissimulerait-il pas un ténébreux Mister Difallah ? Difficile, ce 25 juillet à l´Institut du monde arabe, à Paris, de déceler derrière le génial autodidacte, ou soi-disant tel, le manipulateur condamné dix ans auparavant pour « dénonciation calomnieuse et dénonciation de crimes imaginaires ». Ce passé – qu´il ne nie ni ne confesse – jette évidemment un sérieux doute sur l´authenticité de sa découverte.

« M. Difallah a eu quelques escarmouches avec la justice, des erreurs de parcours, mais il a payé sa dette et trouvé sa vraie voie », jure Me Lucas, son avocat. Il y a une dizaine d´années, sa plus spectaculaire « erreur de parcours » a fait les gros titres des journaux. C´est l´affaire dite « du bagagiste de Roissy ». En décembre 2002, ledit bagagiste, un certain Abderrezak Besseghir, est arrêté. Dans le coffre de sa voiture, sur le parking de l´aéroport, les policiers, fort bien renseignés, découvrent des armes de poing, des explosifs militaires et des tracts islamistes. Les attentats du 11 Septembre sont encore dans toutes les mémoires, mais ils flairent vite la piste du complot familial. Louisa Bechiri, l´épouse de Besseghir, a été brûlée vive quatre mois auparavant et ses parents sont convaincus qu´elle l´a été par leur gendre. Résolus à la venger, ils introduisent un kit du parfait petit terroriste dans la voiture du bagagiste, avec la complicité de deux amis et de l´oncle de Louisa, Djillali Difallah. Oui, oui, notre « Bagdad Jones »… Le 14 janvier 2003, le quotidien La Dépêche du Midi écrit : « Djillali Difallah, […] au passé "assez sulfureux", selon la police qui l´a déjà interpellé pour des escroqueries, est soupçonné par les enquêteurs d´avoir fourni les armes et les explosifs. » En juin de l´année suivante, les cinq comploteurs sont condamnés à vingt mois de prison, dont cinq fermes.

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Actif dans la lutte antiterroriste

Au cours de l´enquête, Difallah a l´occasion d´évoquer son amour des vieilles pierres. « J´ai joué un rôle dans la lutte antiterroriste en Algérie, confie-t-il, en février 2003, au juge Roger Le Loire. Passionné d´archéologie, je fournis à l´armée des cartes anciennes qui lui permettent d´intervenir contre les maquis islamistes. Je le fais encore ponctuellement. » Passé trouble, manque de crédibilité, légèreté des preuves… Et si notre archéologue amateur n´était finalement qu´un affabulateur ?

Lire aussi : Le tombeau d’Alexandre le Grand découvert en Jordanie, vraiment ?

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