Tempête sur les hedge funds
Star de Wall Street, Steve A. Cohen est soupçonné par la justice de délit d’initié. Ce délit boursier survient lorsqu’une personne achète et revend des actions, en utilisant des informations sur ces titres qu’elle seule détient. Émoi chez les spéculateurs !
L´étau de la justice se resserre sur Steven A. Cohen, 57 ans, star de Wall Street et fondateur du hedge fund SAC Capital Advisors, l´un des poids lourds de la profession avec ses neuf cents employés et ses 14 milliards de dollars (10,5 milliards d´euros) d´actifs. La Securities and Exchange Commission a en effet engagé des poursuites contre SAC Capital, deux de ses collaborateurs, Mathew Martoma et Michael Steinberg, étant soupçonnés de délit d´initié.
Preet Bharara, le procureur fédéral de Manhattan qui est à l´origine des poursuites, a eu des mots très durs à l´endroit de SAC Capital, qu´il qualifie d´« aimant à malversations ». Il existerait selon lui au sein de l´entreprise une véritable culture du délit d´initié.
Cohen est l´un des spéculateurs les plus doués de sa génération, doté, selon certains, d´un pouvoir d´anticipation des marchés quasi surnaturel. Mais pour lui, les choses ont commencé à se gâter depuis déjà plusieurs années. Précisément, depuis 2006, quand les autorités fédérales ont décidé d´ouvrir une enquête contre son fonds – huit de ses collaborateurs, passés ou actuels, ayant été impliqués dans des affaires de délit d´initié (quatre ont plaidé coupable). Même si Cohen n´est pas personnellement poursuivi – seul SAC Capital est pénalement visé -, le coup est rude. Si la procédure aboutit, il pourrait être frappé d´une interdiction de gérer de l´argent pour le compte d´investisseurs. Ce qui entraînerait sans doute la dissolution de SAC Capital et une refonte en profondeur du secteur très volatile des hedge funds. Le coup de tonnerre serait comparable à celui qui ébranla le monde du consulting après le démantèlement du cabinet Arthur Andersen, en 2002.
Sadique et généreux à la fois
On le dit obsédé par l´évolution des cours au point de faire installer des écrans de contrôle partout où il est amené à se rendre. Très dur en affaires, il se montre parfois sadique avec ses subordonnés, qu´il n´hésite pas à renvoyer au premier dollar perdu. Mais il sait aussi se montrer généreux. En 2008, avant la crise, Martoma, alors âgé de 34 ans, avait par exemple reçu un bonus de 10 millions de dollars. De même, il avait donné 500 000 dollars pour des victimes de l´ouragan Sandy, à New York. Il possède d´autre part une extravagante collection d´art contemporain, et peut se le permettre : entre 2006 et 2008, Cohen a gagné 900 millions de dollars par an !
Ses ennuis judiciaires ne semblent d´ailleurs pas le bouleverser. Deux jours après l´annonce de l´ouverture des poursuites, il a organisé dans sa résidence secondaire des Hamptons une somptueuse soirée de bienfaisance.
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