Syrie : Kurdistan contre Jihadistan
Implantées dans des territoires autonomes, les milices kurdes, en Syrie, appellent à la mobilisation générale contre les islamistes radicaux.
Les Forces de défense du peuple kurde (YPG) passent à l’offensive. Contre les jihadistes liés à Al-Qaïda, le bras armé de la principale formation politique kurde syrienne (le PYD, Parti de l’union démocratique) a appelé, le 30 juillet, à la mobilisation générale. Quelques heures auparavant, Isa Huso, membre du Conseil suprême, qui fédère les mouvements kurdes, avait été tué dans l’explosion de sa voiture, attribuée aux islamistes. En Syrie, les Kurdes (10 % de la population) se sont tenus à l’écart de la révolution, échaudés par la répression sanglante d’un soulèvement en 2004 et amadoués par l’octroi de la citoyenneté à des dizaines de milliers d’entre eux, quelques mois après le début de la contestation. En juillet 2012, les forces du régime se sont retirées des territoires kurdes épargnés par l’insurrection, en abandonnant le contrôle à des milices locales. Mais un an plus tard, la guerre a fait irruption dans ces zones, havres de milliers de réfugiés et de membres de minorités menacées.
>> Lire aussi : Syrie : tentations kurdes
Des escarmouches sporadiques avaient déjà eu lieu, mais la situation a dégénéré le 16 juillet. Ce jour-là, des jihadistes de la Jabhat al-Nosra campés au poste-frontière de Ras el-Aïn attaquent une patrouille de miliciens kurdes. Réplique immédiate des YPG, qui enlèvent aux jihadistes ce passage stratégique entre le Kurdistan turc et le Kurdistan syrien. Offensives et contre-attaques meurtrières se succèdent depuis, les islamistes radicaux semblant décidés à s’imposer dans les territoires qui échappent au régime. Sources vitales de revenus et de carburant, les puits de pétrole de l’Est sont particulièrement disputés.
Un positionnement neutre et pacifique
" Il s’agit moins d’un affrontement politique que d’un combat pour le contrôle du territoire. Les Kurdes se battent pour leur terre et ne veulent se ranger ni d’un côté ni de l’autre ", considère l’opposant syrien Ayman Abdel Nour. " Nous n’avons jamais voulu nous battre contre le système, mais cela ne signifie pas que nous sommes avec lui, comme on nous le reproche. Politiquement, nous sommes alliés à l’opposition pacifique ", nuance Rhodi Mellek, représentante du PYD à Bruxelles. L’autonomie de fait des territoires contrôlés par les YPG donne en tout cas de nouveaux espoirs à la communauté. En août, un rassemblement inédit des Kurdes des quatre pays (Turquie, Syrie, Irak et Iran) aura lieu à Erbil pour coordonner les stratégies locales, un pas de plus vers l’union du " peuple sans État ".
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