« L’océan Indien a deux grandes richesses : sa jeunesse et sa biodiversité »
Une hyper-dépendance aux matières premières et aux importations, des défis énormes dans la connectivité, des écosystèmes à préserver… La femme d’affaires malgache Joséphine Andriamamonjiarison, présidente de Cap Business océan Indien, évoque les enjeux économiques des îles et archipels du Sud-Est africain.
Océan Indien : la solidarité insulaire au centre du jeu
Les Comores, Madagascar, Maurice, la Réunion et les Seychelles… Les cinq membres de la Commission de l’océan Indien (COI), qui s’apprête à célébrer ses 40 ans, multiplient les projets pour relancer leurs économies fragilisées par la pandémie de Covid-19. Et pour prendre enfin toute leur place dans les échanges entre l’Afrique et l’Asie.
Créée en 2005 pour fédérer les acteurs du secteur privé, Cap Business océan Indien regroupe des chambres de commerce et d’industrie, ainsi que des organisations professionnelles des cinq îles de la Commission de l’océan Indien (COI) – Comores, Réunion, Madagascar, Maurice et Seychelles – et de Mayotte.
L’association est présidée depuis mai 2021 par Joséphine Andriamamonjiarison. Après une carrière au siège de la BNP à Paris, puis au sein du groupe Bolloré à Madagascar en tant que directrice de la filiale distribution de tabac, la femme d’affaires malgache a créé ses propres entreprises de communication. Associée au sein du cabinet Hermès Conseils, elle est aussi présidente de la chambre de commerce et d’industrie d’Antananarivo.
Jeune Afrique : Qu’est-ce qui fait la spécificité de l’Indianocéanie ?
Joséphine Andriamamonjiarison : Son dynamisme économique avant tout. Nos territoires sont certes séparés par la mer, mais ils demeurent complémentaires. Tous ont démontré une relative résilience face à la pandémie de Covid-19. Et tous ont amorcé la relance de leur économie, malgré les nouveaux défis liés aux répercussions du conflit russo-ukrainien sur les chaînes d’approvisionnement.
En ce qui concerne nos richesses, j’en soulignerai deux : notre jeunesse et notre biodiversité, nos territoires abritant des écosystèmes uniques au monde. Cap Business océan Indien s’est engagé à mobiliser le secteur privé régional autour de cet enjeu jusqu’en 2025 dans le cadre du programme Varuna, dont l’objectif est de préserver la biodiversité de l’océan Indien.
Quels sont les secteurs d’actions prioritaires de Cap Business ?
Ses priorités sont la connectivité, l’économie bleue, le tourisme durable, l’énergie/construction et l’agriculture/agro-industrie. Cela étant dit, pour que la croissance induite par ces secteurs soit durable, résiliente et juste, nous avons ajouté des marqueurs transversaux : les stratégies bas-carbone, le climat, la biodiversité et l’inclusion.
L’un des enjeux majeurs pour notre zone demeure la connectivité, entre nous et avec le reste du monde
L’objectif est de promouvoir ces secteurs auprès des entreprises, en particulier à l’aide de nouveaux outils, tels que la Fresque du climat [une association visant à sensibiliser au dérèglement climatique]. Notre accompagnement se traduira aussi par le cofinancement de bilans carbone, la constitution d’une base de connaissances en matière d’économie circulaire, ainsi que l’organisation de cycles de conférences.
Qu’attendez-vous de la 13e édition du Forum économique des îles de l’océan Indien, que vous organisez à Maurice, du 11 au 13 octobre prochain ?
L’un des enjeux majeurs pour notre zone demeure la connectivité, entre nous et avec le reste du monde. C’est l’un des grands enseignements de la pandémie de Covid-19 – confirmé par les répercussions du conflit russo-ukrainien –, qui a démontré notre sur-dépendance aux matières premières et aux produits importés, en particulier alimentaires et énergétiques.
Avec la fermeture des frontières et les restrictions de voyage, la pandémie a assené un coup dur à la coopération économique régionale. Les entrepreneurs n’ont pu se rencontrer pendant une longue période. Ce forum veut donc être une occasion de donner un nouvel élan aux échanges entre les îles et avec d’autres régions. C’est de là qu’est venue l’idée d’inviter des opérateurs économiques de pays riverains de l’océan Indien : Afrique du Sud, Tanzanie et Kenya. Nous voulons leur présenter la région, mais aussi inciter nos entrepreneurs à explorer les possibilités qu’offrent ces pays.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Océan Indien : la solidarité insulaire au centre du jeu
Les Comores, Madagascar, Maurice, la Réunion et les Seychelles… Les cinq membres de la Commission de l’océan Indien (COI), qui s’apprête à célébrer ses 40 ans, multiplient les projets pour relancer leurs économies fragilisées par la pandémie de Covid-19. Et pour prendre enfin toute leur place dans les échanges entre l’Afrique et l’Asie.
Les plus lus – Économie & Entreprises
- L’arrestation du PDG du groupe CHO secoue l’huile d’olive tunisienne
- Comment Air France compense son absence des États du Sahel
- Mines d’or au Mali : la junte place le CEO de l’australien Resolute en détention
- Chez Tunisair, la purge des dirigeants se poursuit et les pertes s’accumulent
- Ce que l’Algérie et la France auraient à perdre (ou pas) d’un embargo réciproque