RDC : deux personnes tuées par des Casques bleus près de la frontière ougandaise

Des soldats de la Monusco ont ouvert le feu sur un poste frontalier avec l’Ouganda, dans l’est du pays, où les manifestations anti-ONU s’enchaînent depuis plusieurs jours.

Des soldats de la Monusco à Butembo, dans le territoire de Beni, le 26 décembre 2018. © ALEXIS HUGUET/AFP

Publié le 1 août 2022 Lecture : 3 minutes.

Le drame a eu lieu le 31 juillet, sur le territoire de Beni. Dans une vidéo d’un peu moins de deux minutes, largement partagée sur les réseaux sociaux, on peut apercevoir des hommes dont au moins un en tenue de policier et un autre en treillis militaire congolais, s’avancer vers le convoi onusien immobilisé de l’autre côté de la barrière fermée, à Kasindi, à la frontière avec l’Ouganda. La scène ne dure que quelques secondes. Après un court échange verbal, on voit les Casques bleus tirer des coups de feu, avant d’ouvrir la barrière et de franchir le poste tandis que les passants courent se mettre à l’abri.

« Le bilan est de deux morts », a déclaré Joël Kitausa, un responsable de la société civile de Kasindi, le 31 juillet. Ce dernier a également fait état de 14 blessés. Plus tôt dans la journée, Barthélemy Kambale Siva, délégué du gouverneur du Nord-Kivu à Kasindi, avait donné un bilan provisoire de huit blessés graves dont deux policiers du poste frontalier.

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« Comportement irresponsable »

La Monusco n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué diffusé dans la foulée du drame, la cheffe de la Monusco, Bintou Keita, s’est dite « profondément choquée et consternée par ce grave incident ». La mission onusienne qui n’a pas fourni de bilan précis, est revenu sur les faits. « Des militaires de la Brigade d’Intervention de la Monusco de retour de congé ont ouvert le feu au poste frontalier pour des raisons inexpliquées et forcé le passage. Cet incident grave a causé des pertes en vies humaines et des blessés graves », explique le communiqué.

La mission, qui dénonce le « comportement inqualifiable et irresponsable » des auteurs de la fusillade précise que ces derniers « ont été identifiés et mis aux arrêts en attendant les conclusions de l’enquête qui a d’ores et déjà commencé en collaboration avec les autorités congolaises ». « Les contacts ont été également établis avec le pays d’origine de ces militaires pour qu’une procédure judiciaire soit initiée urgemment avec la participation des victimes et des témoins, afin que des sanctions exemplaires soient prises dans les meilleurs délais », précise la Monusco, qui ne mentionne pas la nationalité de ces Casques bleus.

De son côté, le gouvernement congolais « condamne et déplore vigoureusement cet incident malheureux dont le bilan provisoire fait état de deux compatriotes décédés et 15 autres blessés », dans un communiqué de son porte-parole Patrick Muyaya publié dans la soirée. Conjointement avec la Monusco, les autorités ont « initié une enquête pour établir les responsabilités, connaître les motivations d’un tel forfait et obtenir des sanctions sévères à l’encontre des Casques bleus à la base de ce drame qui sont, du reste, déjà aux arrêts », assure le ministre de la Communication.

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« Laisser la place à d’autres »

Kinshasa, qui a appelé la population congolaise « au calme », prévient que « les Casques bleus concernés ne pourront plus faire partie des contingents de la Monusco, en attendant l’aboutissement du plan de retrait de cette force onusienne de la RDC ».

Le drame intervient dans un contexte particulièrement tendu. Plusieurs manifestations accompagnées de destructions et pillages ont eu lieu ces derniers jours dans plusieurs villes de l’est de la RDC pour réclamer le départ de la mission des Nations unies et dénoncer l’inefficacité des Casques bleus dans la lutte contre la centaine des groupes armés responsables du chaos dans cette région. À Goma, Butembo, Beni et d’autres localités, des manifestants avaient pris d’assaut les installations de la Monusco. Dix-neuf personnes, dont trois Casques bleus, ont été tuées dans ces manifestations violentes. 

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En visite en RDC, Jean Pierre Lacroix, chef du département de paix de l’ONU a indiqué samedi être venu pour « parler avec les autorités congolaises, examiner les moyens par lesquels nous pourrons à la fois éviter se reproduire ces incidents tragiques et surtout mieux travailler ensemble pour atteindre nos objectifs ».

« Nous souhaitons que les conditions soient réunies, notamment le retour de l’autorité de l’État, pour que la Monusco puisse avoir terminé sa mission le plus vite possible et laisser la place à d’autres formes de soutien international », a-t-il dit.

(Avec AFP)

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