Il est comment le dernier John le Carré ?
Le nouvel opus de John Le Carré, Une vérité si délicate, sortira en version française le 31 octobre. Le celèbre romancier d’espionnage signe un ouvrage qu’il qualifie de très personnel.
![Le célèbre auteur britannique, John Le Carré, en 2008. © AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2013/07/31/00608201309372800000020130806lecarre.jpg)
Le célèbre auteur britannique, John Le Carré, en 2008. © AFP
En 1963, lors de la parution de son troisième roman, un jeune cadre du Foreign Office britannique compromettait définitivement sa carrière dans le monde du renseignement. Le succès de L´Espion qui venait du froid fut tel que l´identité de l´homme qui se cachait sous le pseudonyme de John le Carré fut rapidement révélée. David John Moore Cornwell ne deviendrait donc jamais une légende du MI6. En revanche, de la guerre froide à la guerre contre le terrorisme, de l´internationale du crime aux multinationales criminelles, il allait devenir le grand maître du roman d´espionnage.
Bien entendu, le cinéma a préféré James Bond, sa chemise impeccablement repassée sous son costume sombre, sa gueule de play-boy, ses gadgets abracadabrants, ses innombrables girls et son sang-froid de tueur. Mais Ian Fleming, le créateur de 007, est mort en 1964, au moment même où le Carré faisait le choix du réalisme pour décrire le monde de l´espionnage – plus riche en antihéros qu´en surhommes, en bureaucrates qu´en aristocrates de combat.
left; padding-right: 20px;" src="https://www.jeuneafrique.com/photos/072013/031072013121109000000JA2742p101_2.jpg" alt="" />Si les gesticulations acrobatiques de 007 s´épuisent un peu, l´inspiration de le Carré ne s´est pas tarie avec la fin de la guerre froide. Bien au contraire. Aujourd´hui âgé de 81 ans et vivant quasi reclus dans sa maison de Cornouailles, il continue de se faire remarquer avec des livres denses et des articles dignes d´un jeune gauchiste, fustigeant avec talent les néoconservateurs d´ici et d´ailleurs, avec un faible pour les très honnis George W. Bush et Tony Blair.
Dernier opus en date de cet auteur engagé dont les romans dépassent bien souvent les 500 000 exemplaires rien qu´au Royaume-Uni : A Delicate Truth sortira en version francophone (Une vérité si délicate) le 31 octobre. Y sont décortiquées, autour d´une pseudo-opération de contre-terrorisme à Gibraltar, toutes les compromissions du pouvoir politique avec ces multinationales du renseignement qui emploient des mercenaires véreux et des conseillers occultes, et bien sûr totalement dépourvus de morale. Avec ironie, John le Carré baptise Ethical Outcomes (« Résultats éthiques ») celle qui travaille officieusement pour le Foreign Office britannique. On l´aura compris, il n´y a là rien d´éthique et le romancier, qui n´a pas son pareil pour bâtir une intrigue haletante et camper des personnages très humains, s´en prend avec vigueur aux trahisons du New Labour. Tony Blair, qui a su faire fructifier son carnet d´adresses chez quelques autocrates, se sentira sans doute visé. Enfin, s´il lit des romans…
A Delicate Truth, de John le Carré,
sortie francophone le 31 octobre
Prix indicatif prévu : 21 € 50
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