Mali-France : clashs en boucle entre Macron et les ministres de Goïta

Les attaques fusent entre Paris et Bamako. Quand le président français fustige l’inaction supposée de la junte dans la lutte contre le terrorisme, celle-ci réplique en l’accusant de vouloir entretenir la haine ethnique.

Les autorités françaises et maliennes sont à fleurets non mouchetés depuis plusieurs mois. © Damien Glez

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Publié le 1 août 2022 Lecture : 2 minutes.

La pratique du clash hip hop aurait-elle imprégné les usages rhétoriques de politiciens qui étaient encore adolescents quand le Français Joey Starr ou le Malien Mokobé déroulaient leurs premières punchlines ? Ces derniers jours, dans ce qu’il reste de la communication franco-malienne, la convocation de mots au style pour le moins lapidaire est de mise, en mode « battles »…

Le 28 juillet, en visite en Guinée-Bissau, Emmanuel Macron analysait que « les choix faits par la junte malienne aujourd’hui et sa complicité de fait avec la milice Wagner sont particulièrement inefficaces ». Ce dimanche, en direct à la télévision publique, via la lecture du communiqué 035 du gouvernement de la transition, en répétant trois fois la même phrase, le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement malien, dénonçait la posture « néo-coloniale, paternaliste et condescendante » du président français.

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Rupture

Et les discours de se faire écho entre eux comme la réponse du berger à la bergère, sur l’air de « c’est celui qui le dit qui l’est » ou « pas vu, pas pris », en ce qui concerne la présumée présence du groupe paramilitaire russe sur le sol malien. Pour le président Macron, « lutter contre le terrorisme, ça n’est plus l’objectif » de la junte, tandis que pour le colonel Maïga, la France a pour « dessein d’entretenir la haine ethnique », comme elle joua un « rôle négatif (…) dans le génocide des Tutsi ».

Pour Macron, le peuple malien est empêché d’exprimer « sa souveraineté populaire », tandis que Maïga rétorque que « nul ne peut aimer le Mali mieux que les Maliens ». Pour Macron, l’implication des États ouest-africains est nécessaire dans le rétablissement de la sécurité au Mali, tandis que pour Maïga, tout se résume à la souveraineté nationale. Pour le premier, c’est la France qui a choisi de « quitter le sol malien », tandis que pour le second, c’est le Mali qui « a mis fin à la coopération en matière de défense avec la France »…

Sur ce point de la rupture des relations sécuritaires, il n’y a pas seulement du hip hop, mais aussi un peu de dystopie à la manière du film américain Minority Report, dans lequel des autorités douées de « précognition » sanctionnent les crimes avant que ceux-ci ne soient commis. Dans son communiqué dominical, le colonel Abdoulaye Maïga affirmait ainsi qu’avant même que Macron ne tacle la politique malienne à Bissau, le Mali avait demandé « de manière prémonitoire à l’ambassadeur de France de quitter le territoire malien », et avait également suspendu « les médias France 24 et Radio France internationale » comparés à la radio Mille collines qui distilla le fiel sur les ondes rwandaises, au milieu des années 90…

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