Rencontre Ouattara-Bédié-Gbagbo : prélude ou épilogue ?
La rencontre entre Alassane Ouattara et ses prédécesseurs Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, le 14 juillet, est-elle le prélude à un changement de paradigme ou une nouvelle – et énième – combinaison politicienne sans lendemain ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 2 août 2022 Lecture : 2 minutes.
« Cohésion sociale » : en Afrique, le mot est sur nombre de lèvres, aussi bien au Kenya (où une commission portant ce nom a été mise au goût du jour) qu’au Nigeria (où l’équilibre religieux entre musulmans et chrétiens, censé être respecté sur le « ticket » des candidats à la présidentielle, fait l’objet de débats) ou encore dans deux pays francophones aux histoires imbriquées (où ont eu lieu des retrouvailles entre d’anciens chefs d’État). Après le pétard mouillé de la réconciliation des ex-présidents burkinabè, sous l’égide discrète de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a reçu, le 14 juillet, avec plus de succès, ses prédécesseurs Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo.
En elle-même, la photo des trois hommes vaut son pesant de fèves de cacao. Ce sont leurs retrouvailles, les premières depuis la crise politique meurtrière qui a suivi la l’élection présidentielle de 2010. Clichés photographiques et clichés rhétoriques : les propos sur la réconciliation qui ont été tenus n’avaient rien d’inédit, qu’il soit question de la libération de prisonniers que certains jugent « politiques » ou – la cohésion étant ferment d’avenir – des élections de 2023 et de 2025, cette dernière concernant plus directement le palais présidentiel et ses anciens locataires.
Combinaisons politiciennes
Si cette rencontre d’une heure a fait couler autant de salive et d’encre, c’est que les trois acteurs du jour restent ceux que la presse qualifie de pachydermes de la vie politique du bord de la Lagune Ébrié. Un statut qu’ils doivent à la longévité de leurs carrières respectives, qui les ont conduits à toutes sortes de combinaisons politiciennes, au fil des onctions et de l’opprobre de la foule.
Tous ont côtoyé « le Vieux », Félix Houphouët-Boigny, et sont devenus âgés à leur tour : le dauphin constitutionnel du père de la nation ivoirienne, Bédié, a 88 ans ; l’ancien Premier ministre du Vieux, Ouattara, en a 80 ; son opposant historique, Gbagbo, 77. L’âge n’étant officiellement jamais un handicap en Afrique – juste une source d’agacement inavouée pour les ambitieux qui rongent leur frein –, la rencontre se voulait-elle un épilogue de ces trois parcours ? Elle ne serait que le prélude à d’autres rencontres, si l’on en croit la déclaration de l’hôte : « Nous aurons l’occasion de nous revoir régulièrement, en fonction des disponibilités [de chacun] ».
La politique ivoirienne n’en a donc pas fini avec ces trois figures. Reste à déterminer la fonction que chacun briguera. La jovialité de la rencontre du 14 juillet a traduit une jeunesse d’esprit certaine. Annonce-t-elle des nouvelles ambitions personnelles pour 2025 ?
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