Tunisie – Tourisme : tapis rouge pour les Algériens
Depuis la réouverture de la frontière entre les deux pays le 15 juillet, les touristes algériens affluent. Et apportent un peu de répit à un secteur touristique sinistré.
Les Tunisiens jubilent. Fermées pour cause de pandémie depuis mars 2019, les frontières terrestres avec l’Algérie ont rouvert le 15 juillet. Une bouffée d’oxygène pour le tourisme, mais aussi pour le commerce et les caisses de l’État. Depuis cette date, ils ont été 60 000 à venir passer leurs vacances en Tunisie.
« Pas uniquement, j’ai aussi de la famille que je n’ai pas vue depuis deux ans », précise Djamal Saadi, de Tebessa, qui a fait le tour de ses proches et amis avant de poser ses valises à Nabeul avec son épouse et ses deux fils. « J’ai hésité à venir, concède-t-il. J’avais peur qu’une agitation sociale ne gâche mes vacances », allusion à une éventuelle contestation après le référendum du 25 juillet. Ce risque étant écarté, les autorités tunisiennes attendent de très nombreuses arrivées pour le mois d’août et visent le million de visiteurs, en-deçà de l’affluence record de 2019, lorsque 3 millions d’Algériens ont choisi la destination Tunisie.
Le tourisme tunisien s’est ressenti de l’absence des Algériens sur les deux dernières hautes saisons. Les banderoles de bienvenue « dans leur deuxième pays » disposées aux postes-frontières ne sont que l’un des signes de la volonté tunisienne de mettre les petits plats dans les grands en rappelant les liens historiques entre les deux voisins.
Petites attentions
Les Algériens sont ainsi exemptés de fourrière et d’amendes en cas de mauvais stationnement et ne sont plus contraints de produire un test PCR, exigé par Alger, en quittant le sol tunisien. Ce dernier point vaut pour toutes les entrées en Algérie mais le prix du test en Tunisie, environ 62 euros, devient prohibitif pour une famille. Finalement les autorités algériennes, pour éviter que des ressortissants ne demeurent bloqués en Tunisie, ont décidé de lever temporairement cette mesure et de la substituer éventuellement par d’autres contrôles sanitaires une fois la frontière franchie.
Reste que les autorités tunisiennes sortent le grand jeu pour leurs voisins. Une attitude qui fait sourire Jamila, une institutrice de Constantine habituée des plages de Sousse depuis 2005 : « Ce sont des petites attentions appréciables mais où voulez-vous que l’Algérien moyen puisse aller ? Entre les prix qui flambent, les visas impossibles à obtenir et la fermeture des frontières de l’Ouest, il reste la Tunisie, qui nous a toujours bien accueillis. »
Même si l’arrivée des touristes algériens soulage quelque peu le secteur touristique tunisien, ce dernier continue de subir de plein fouet les conséquences de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, deux de ses marchés émetteurs émergents.
À Tabarka, Riadh, qui tient un débit de tabac dans le centre-ville, est ravi. « Le flux de passage le plus important passe par Melloula, à cinq minutes d’ici. Une fois la frontière franchie, la pause café à Tabarka est une halte presque traditionnelle et les petits commerces en profitent. » À Sousse, Fathi, patron de la superette éponyme, est du même avis. Il connait bien la clientèle algérienne et tient à satisfaire ses demandes : « Chez moi ils trouveront des équipements pour la plage mais aussi des fournitures scolaires. Ce sont d’excellents clients et ils apprécient de faire leurs emplettes en Tunisie. »
Contrairement aux touristes européens, les Algériens consomment tunisien, préfèrent les locations d’appartement aux hôtels et ne sont pas regardants sur les dépenses. « Ce sont les vacances, ils y ont pensé toute l’année et ne chipotent pas au restaurant ou dans un magasin de vêtements », se souvient Afif, restaurateur à Midoun (Djerba), où les Algériens se font rares, contrairement aux Libyens – l’île est à 3 heures de route de Tripoli.
Mais Fathi relève que certains de ses clients se plaignent de la qualité de service. « Nous avons été obligés de recruter des saisonniers sans formation complète pour compenser le départ de bon nombre de nos employés pour des contrats à durée déterminée en France et en Italie », concède un responsable du Royal Mansour, à Mahdia. L’établissement a été épinglé sur les réseaux pour la médiocrité de son service et son buffet peu varié.
Pour la santé aussi
Bien entendu, tous les touristes sont logés à la même enseigne, les Tunisiens résidant à l’étranger aussi. « Nous payons plein tarif des prestations qui coûtent 349 euros la semaine et nous sommes mal servis, s’indigne un couple de jeunes mariés venu de Paris et qui a finalement opté pour une maison d’hôtes à Hammamet. Nos amis algériens sont traités avec plus d’amabilité… »
« Des couacs de remise en route », relativise un Algérois arrivé en taxi collectif depuis Alger. Des amis vont le rejoindre pour mettre le cap sur Hammamet, qui reste la station balnéaire favorite des Algériens en goguette. D’autres vont mettre à profit leur passage en Tunisie pour des contrôles médicaux.
« Les compétences médicales, la rapidité de prise en charge et la disponibilité des soignants est un atout, on vient de loin pour cela », assure une Oranaise aux abords d’une clinique réputée à Tunis. Un point fort qui permettra d’entretenir le flux de visiteurs depuis l’Algérie hors période estivale.
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