Esclavage : l’appel (très politique) de Nana Akufo-Addo

Sur les réseaux sociaux, le président ghanéen relance le débat sur les réparations financières qui, selon lui, devraient être versées aux victimes africaines de l’esclavage.

Le président ghanéen Nana Akufo-Addo a entamé son deuxième quinquennat en janvier 2022.

 © GLEZ

Publié le 4 août 2022 Lecture : 2 minutes.

Y a-t-il des crimes imprescriptibles à l’échelle des siècles, au-delà des renouvellements de générations et en dépit des changements de régimes politiques ? Accusé de trop chalouper avec les Occidentaux, peu à la mode, et d’avoir renié sa promesse d’indépendance à l’égard du Fonds monétaire international, le président du Ghana dégaine un joker : la mémoire de l’esclavage.

Postés ce mardi, des tweets de Nana Akufo-Addo scandent que le temps est venu pour un débat sur des réparations financières à verser au continent dont « 20 millions de fils et de filles ont vu leur liberté réduite et ont été vendus comme esclaves ». Emphatique, la série de posts insiste : il « existe une myriade d’histoires de familles déchirées. Des pères partis pêcher qui ne sont jamais revenus, des garçons partis jouer qui ne sont jamais rentrés à la maison, des filles parties chercher de l’eau qui n’ont jamais plus revu leurs parents ». Plus prosaïque, elle évoque des conséquences dévastatrices « sur plusieurs siècles ».

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Appel à l’Union africaine

Le président ghanéen plaide pour une reconnaissance de cette tragédie, des excuses de la part des nations européennes et des réparations, tout en précisant qu’aucune somme d’argent ne pourra réparer l’étouffement du « progrès économique, culturel et psychologique » du continent. Et l’indigné du jour de convoquer la délicate concurrence des mémoires via l’évocation des survivants de la Shoah et des Amérindiens qui ont tous reçu des réparations…

Akufo-Addo exhorte l’Union africaine à former un front uni autour de cette cause, avec les Africains de la diaspora. Pourquoi lui et pourquoi maintenant ? Quelques semaines après avoir rendu le tablier de président en exercice de la Cedeao, quelle est la légitimité de Nana Akufo-Addo à incarner ce débat qui ressemble à un serpent de mer ? La route de nombreux esclaves d’Afrique occidentale passa par l’ancienne Gold Coast, notamment par la ville de Cape Coast.

Quant à la question du calendrier, la série de tweets du président ghanéen a été postée au lendemain d’un sommet sur les « réparations liées à l’esclavage et la guérison raciale ». En outre, en augmentant la focale, Akufo-Addo espère peut-être surfer sur cette nouvelle fierté africaine qui point, notamment dans des États d’exception ouest-africains qui cataloguent le président ghanéen parmi les affidés du néocolonialisme. Pour un lifting d’image présidentielle, invoquer les ancêtres ne mange pas de Sugar bread…

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