Éloge de la sieste
Dans La sieste, Judith Gueyfier et Alain Serres nous font découvrir la magie de ce moment de repos. Avec des images colorées, on entre dans un monde de rêves et de voyages. Un album poétique et apaisant.
-
Alain Mabanckou
Alain Mabanckou est écrivain et professeur de littérature francophone à UCLA (États-Unis). Depuis 2016, il occupe la chaire de création artistique au Collège de France.
Publié le 29 juillet 2013 Lecture : 2 minutes.
La Française Judith Gueyfier est devenue, après plus d’une dizaine d’albums, l’une des illustratrices incontournables d’albums pour la jeunesse. Elle a étudié les arts décoratifs à Strasbourg et a parcouru l’Afrique et le reste du monde – un univers qui se retrouve dans ses illustrations, toujours aussi foisonnantes, éclatantes et d’une atmosphère douceâtre. Ses personnages, très attachants, nous accompagnent longtemps, parce qu’ils nous ressemblent, captent au détail près nos gestes et ne connaissent pas de frontières. Il y a une part d’universalité et d’humanité à chaque planche de Gueyfier.
Dans La Sieste, le texte est signé par Alain Serres, directeur des éditions Rue du monde, auteur lui-même de plus d’une centaine d’ouvrages pour la jeunesse, certains avec Judith Gueyfier (Martin du bateau cirque ou encore Martin des colibris). On ressent d’ailleurs leur complicité, l’image épousant avec justesse ce qu’évoquent les mots. Ici nous partons à la découverte de la magie de la sieste, l’un des sujets favoris de l’auteur et de l’illustratrice. Faut-il rappeler que la sieste est au fond la chose la mieux partagée au monde ?
Certes, au départ nous n’avons pas envie de dormir, puis la torpeur nous gagne, tout semble léger, jusqu’à ce qu’on s’élève. La sieste nous embarque, nous prend sur ses ailes, nous fait traverser des mers, des océans, des contrées lointaines et, finalement, nous plonge dans un monde où l’inimaginable devient réalité. Ici, c’est une « histoire venue de loin ». Une sauterelle fait du bruit en sautant, et pour cause, elle porte de grosses chaussures. On la voit dans ses aventures se métamorphoser, devenir tout à coup géante, avec ses compères les hannetons et les coccinelles. La voilà qui traverse la ville, marche bruyamment sur les toits des voitures, les avale parfois sous les yeux stupéfaits de la population.
Il faudra le courage et la hargne d’une petite fille pour que cesse ce spectacle. La petite fille demande aux créatures de retirer leurs apparats, de devenir ce qu’elles sont d’ordinaire. Et la vie peut alors reprendre son cours normal, la population peut vaquer à ses occupations. Mais pas pour longtemps, car il y a maintenant le bruit des vagues qui pousse la jeune fille à se réveiller. La fin de sa sieste et de ce voyage extraordinaire ? Oui. Et c’est sans doute ainsi : le propre de la sieste est d’être brève, une brièveté dans laquelle les images défilent à une vitesse qui n’est pas celle du grand sommeil du soir. Un album riche, coloré et qui fait l’éloge du « repos »…
La Sieste, illustration de
Judith Gueyfier, textes
d’Alain Serres, éd. Rue du
monde
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Culture
- Émigration clandestine : « Partir, c’est aussi un moyen de dire à sa famille qu’on...
- RDC : Fally Ipupa ou Ferre Gola, qui est le vrai roi de la rumba ?
- Fally Ipupa : « Dans l’est de la RDC, on peut parler de massacres, de génocide »
- À Vertières, les esclaves d’Haïti font capituler les troupes de Napoléon
- Les « maris de nuit », entre sorcellerie et capitalisme