Maroc : ils mettent l’été en musique

À Agadir, Essaouira, Rabat et Fès, ces maîtres de cérémonie organisent des festivals devenus incontournables. Portraits de Neila Tazi Abdi, Brahim El Mazned, Aziz Daki, Mohamed Kabbaj et Faouzi Skali.

The Jacksons à Mawazine, le 28 mai. © Fadel Senna/AFP

The Jacksons à Mawazine, le 28 mai. © Fadel Senna/AFP

BENJAMIN-ROGER-2024 NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 31 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

 

 

la suite après cette publicité

 

 

 

 

la suite après cette publicité

Neila Tazi Abdi – Tous en choeur 

Festival gnawa d’Essaouira.

la suite après cette publicité

Quadra dynamique, directrice de sa propre agence de communication et mère d’une fille de 3 ans, Neila Tazi Abdi est aussi la fondatrice, la directrice et la productrice du Festival gnawa – musiques du monde d’Essaouira, qu’elle organise depuis 1998. La 16e édition a eu lieu du 20 au 23 juin. Rendez-vous désormais incontournable de la vie culturelle du royaume, le festival rassemble chaque année les meilleurs maalem (« maîtres ») gnawas et des artistes de renommée internationale. Outre avoir ressuscité et popularisé la culture gnawa, Neila se dit surtout fière d’avoir réussi à créer un « véritable espace de mixité sociale ». « Le Festival gnawa a provoqué un déclic et a contribué à l’ouverture de la société marocaine, sourit-elle. C’est le seul endroit où se mêlent ministres, étudiants, pêcheurs… toutes sortes de publics dans une ambiance festive et métissée. »

© B.R.

 

 

Brahim El Mazned Des Amazighs à l’électro

Festival Timitar d’Agadir

Il se définit comme « amazigh et multi-identitaire ». La quarantaine passée, Brahim El Mazned, baroudeur passionné par l’Afrique, ne compte plus le nombre de pays du continent qu’il a visités : Sénégal, Mali, Cameroun, Kenya, Afrique du Sud… En 2004, il a lancé le festival Timitar – dont il est le directeur artistique – pour rassembler artistes berbères et musiciens du monde entier dans sa ville natale d’Agadir. « Ancienne zone de passage, le Sahara est devenu une espèce de frontière séparant l’Afrique "noire" de l’Afrique "blanche", déplore-t-il. Nous, acteurs culturels, devons casser cette barrière. » Une mission que Brahim El Mazned accomplit chaque année en ouvrant la scène de Timitar à de nombreux artistes du continent – de Salif Keita à Youssou Ndour en passant par Alpha Blondy. Un choix logique, tant le Maroc a, selon lui, tout à gagner de la « dynamique culturelle exceptionnelle » qui règne dans les pays subsahariens. Du 26 au 29 juin, la 10e édition du festival a accueilli une quarantaine de groupes qui ont mêlé, une fois de plus, les musiques amazighs à celles du monde, jonglant habilement entre rythmes traditionnels, rock-fusion et musique électronique.

>> Lire aussi : Le business des festivals

© Patrick@hochner.com

Aiziz Daki – Stars à gogo

Festival Mawazine de Rabat

Ancien journaliste culturel, propriétaire d’une galerie d’art contemporain à Casablanca, Aziz Daki, 43 ans, féru de musique autant que d’arts plastiques, dit avoir besoin « de passer sans cesse de l’écoute au regard ». Directeur artistique du festival Mawazine, dont il dirige la programmation depuis 2007, il a fait venir à Rabat des stars mondiales comme Whitney Houston ou Shakira. Son objectif ? Attirer toujours plus de public. Pour sa 12e édition, du 24 mai au 1er juin, Mawazine a battu son record de fréquentation avec 2,5 millions de spectateurs et plus de 130 concerts. Au programme, de célèbres artistes orientaux (Najwa Karam, Tamer Housni, Walid Toufic…), africains (Seun Kuti, Les Tambours de Brazza, Tinariwen, Jupiter & Okwes…) et bien sûr internationaux (Rihanna, David Guetta, Mika, Deep Purple…).

© DR

Mohamed Kabbaj et Faouzi Skali « Harmonia mundi »

Festival de Fès des musiques sacrées du monde

Sa 19e édition s’est tenue du 7 au 15 juin autour du thème « Fès l’Andalouse ». Et l’an prochain, le festival des Musiques sacrées du monde fêtera ses 20 ans. « Nous l’avons créé à la suite de la première guerre du Golfe, pour adoucir ce que certains appellent "le choc des civilisations", à une époque d’agressivité, d’ignorance et de manque de respect envers l’autre », rappelle Mohamed Kabbaj (à gauche sur la photo), le président de la fondation Esprit de Fès. Ce polytechnicien de 67 ans a été ministre (de l’Équipement et des Travaux publics), conseiller du roi, wali (préfet) du Grand Casablanca… et préside actuellement Lafarge Maroc. Le budget global du festival dont il tient les rênes dépasse aujourd’hui les 14 millions de dirhams (1,22 million d’euros). À ses côtés depuis le début (avec une parenthèse de quatre ans), l’intellectuel soufi Faouzi Skali (à droite sur la photo), 60 ans, est directeur général du festival. « Je m’occupe bénévolement des grandes orientations, du budget, de trouver les fonds et les équilibres, explique Kabbaj. Faouzi Skali, lui, s’occupe du contenu du forum et du programme. Nous échangeons bien entendu sur la stratégie. Ma vision n’est pas simplement intellectuelle, destinée à approfondir une thèse ou un concept ; je cherche à obtenir un effet positif pour la ville. » De fait, le festival a pris une dimension insoupçonnée. « Au début, raconte Kabbaj, on ne rêvait pas d’une manifestation aussi importante, on pensait à quelque chose de plus modeste, le sujet étant plutôt austère. Nous avons été surpris de susciter un tel engouement et de mobiliser un nombre considérable de spectateurs. Il y a un véritable besoin de spiritualité, une soif d’originalité et de dialogue. Pour le 20e anniversaire, nous envisageons un nouveau saut qualitatif. »


Mohamed Kabbaj et Faouzi Skali © Willy Vainqueur

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires