Coupe du monde 2022 : Blatter, le Qatar et le thermomètre

La Coupe du monde 2022 a été attribuée au Qatar, où, en juin-juillet, il fait beaucoup trop chaud pour taper dans un ballon. Faut-il déplacer la compétition en hiver, comme le pense le président de la Fifa ?

Un match de la ligue qatarie, au stade Al-Gharafa, à Doha. © Sean Gallup/AFP

Un match de la ligue qatarie, au stade Al-Gharafa, à Doha. © Sean Gallup/AFP

Publié le 26 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

Naïveté, irresponsabilité, ignorance ou un peu de tout cela à la fois ? Depuis que, le 2 décembre 2010, la Coupe du monde 2022 a été attribuée au Qatar, le monde du football a fait une découverte stupéfiante : pendant les mois d’été, quand, traditionnellement, a lieu la compétition, la température dans l’émirat dépasse allègrement 45 °C. Comment jouer au foot dans ces conditions extrêmes ? N’est-ce pas mettre en péril la santé des joueurs, des arbitres et même des spectateurs ? L’idée paraît à peu près aussi sensée que d’organiser les Jeux olympiques d’hiver aux Seychelles !

Depuis la désignation du Qatar, des voix se sont élevées pour demander que le Mondial se dispute en hiver, quand la température est davantage adaptée à la pratique du sport de haut niveau. En février 2011, ce fut notamment le cas de Michel Platini, le patron de l’Union européenne de football association (UEFA). D’abord très hostile à cette idée, Joseph Blatter, le président de la Fédération internationale de football association (Fifa), a fini par admettre, dans une interview accordée en mai au quotidien sportif français L’Équipe, qu’il n’était « pas rationnel » que le tournoi se déroule au coeur de l’été. De son côté, le Qatar, qui répète à l’envi qu’il dispose des moyens techniques les plus modernes pour faire face à la situation – stades dernier cri entièrement climatisés, système de nuage artificiel capable de suivre le déplacement du soleil, etc. -, n’a pas encore formulé de demande officielle de modification du calendrier 2021-2022. S’il poursuit dans cette voie, le Mondial sera maintenu au mois de juin.

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Jouer dans de bonnes conditions : du bon sens

Lors d’un récent déplacement en Jordanie, en Palestine et en Israël, Blatter en a remis une couche. Au siège de la Fédération palestinienne de football, à Al-Ram, dans la banlieue de Jérusalem, il s’est montré pour Jeune Afrique beaucoup plus catégorique que dans son interview à L’Équipe : « C’est une question de bon sens : cette Coupe du monde ne peut être jouée en plein été. Elle doit l’être en hiver, quand les températures sont plus clémentes. » Quand, exactement ? « Ni à l’automne 2021, ni au début de l’année suivante, ni même au début du printemps, mais à la fin de 2022. » Il va de soi que cette solution poserait de sérieux problèmes aux pays européens où il n’existe pas de trêve hivernale, comme l’Espagne, l’Italie et, surtout, l’Angleterre. Mais Blatter se veut rassurant : « Les pays qui s’opposeront à la tenue d’une Coupe du monde en fin d’année seront à mon avis peu nombreux, estime-t-il. Car les changements de calendrier se limiteront à une seule saison. Mais, bien sûr, ce sera le cas échéant au comité exécutif de trancher la question et de fixer de nouvelles dates. »

Reste que le problème n’est pas uniquement climatique. Car depuis des mois, de forts soupçons de corruption pèsent sur l’attribution de la Coupe au Qatar. L’hebdomadaire France Football s’en est d’ailleurs fait l’écho dans une remarquable enquête publiée fin janvier. Ancien procureur fédéral de New York et président du comité d’éthique de la Fifa, Michael Garcia a été chargé de l’enquête. On ignore pour l’instant quand il remettra ses conclusions. Mais, pour Blatter, retirer l’organisation de l’épreuve aux Qataris est une vue de l’esprit. « Pour en arriver à cette extrémité, il faudrait une excellente raison. Or, pour l’heure, il n’y en a aucune. »

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