Turquie : Cem Uzan protégé par Claude Guéant ?

Claude Guéant, ex-homme lige de Nicolas Sarkozy, est-il intervenu en faveur de Cem Uzan, un nabab turc condamné dans son pays à cinquante-trois ans de prison et menacé d’expulsion ?

Paris, décembre 2012. Cem Uzan épouse la dénommée Fanny Blanchelande. © Antoine Antoniol/Sipa

Paris, décembre 2012. Cem Uzan épouse la dénommée Fanny Blanchelande. © Antoine Antoniol/Sipa

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Publié le 30 juillet 2013 Lecture : 2 minutes.

Ancien ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant aurait-il de drôles de fréquentations ? On connaissait déjà ses liens anciens avec Ziad Takieddine, l’homme d’affaires franco-libanais impliqué dans le scandale de Karachi. Le voici épinglé par un journal satirique français en raison de sa sympathie présumée pour Cem Uzan, un milliardaire turc condamné dans son pays à cinquante-trois ans de prison pour escroquerie et détournements de fonds.

Selon notre confrère, Guéant serait intervenu afin qu’Uzan (52 ans), sous le coup d’un mandat d’Interpol et réfugié en France depuis octobre 2009, ne soit pas extradé vers la Turquie. Et il aurait veillé à ce qu’on lui attribue une protection subsidiaire, qui, sans lui valoir statut de réfugié politique, lui garantit un titre de séjour.

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Contacté par J.A., Me Didier Bollecker, l’avocat de Cem Uzan, confirme que son client bénéficie de cette protection depuis le mois de mai, pour quatre ans renouvelables avec effet rétroactif (elle expire donc en octobre). Il précise cependant n’avoir « pas eu connaissance » d’une quelconque intervention de Guéant. Joint par téléphone, l’ancien ministre indique pour sa part qu’il « ne répond plus aux questions des journalistes depuis trois mois » et n’a aucune intention de « déroger à cette règle ».

Au temps de sa splendeur, Cem Uzan était avec Kemal, son père, Yavuz, son oncle, et Hakan, son frère (eux aussi recherchés par la justice), à la tête d’un empire de plus de 200 sociétés et d’une fortune estimée en 2002 à 1,3 milliard de dollars (environ 992 millions d’euros).

Racket et escroquerie dans la famille Uzan

Tout commence dans les années 1970-1980 lorsque Kemal, ingénieur en génie civil, se lance dans le bâtiment. Stades, barrages… Le marché est porteur, d’autant qu’il se lie d’amitié avec Turgut Özal, Premier ministre à l’époque, qui sera président de la République en 1989. Cem prend le relais en 1992 en s’associant avec le fils Özal dans le domaine de la transmission par satellite. Star TV naît. Des radios et des journaux suivront.

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En 2002, les firmes Nokia et Motorola, qui ont financé Telsim, la société de téléphonie mobile des Uzan, accusent ces derniers de racket, leur réclament 3 milliards de dollars et obtiennent gain de cause devant la justice américaine un an plus tard. En quête d’une immunité, Cem crée le Parti jeune (extrême droite), qui, avec 7 % aux législatives de 2002, échoue à entrer au Parlement. En 2004, l’État turc saisit 219 sociétés du groupe afin de se garantir contre la faillite frauduleuse de la banque Imar (6 milliards de dollars).

Cerné, Cem Uzan finit par fuir en France. Le 11 juillet, il s’est fait photographier en famille à Saint-Tropez au côté du footballeur Didier Drogba, qui joue à Galatasaray (Istanbul). Sans doute avec la nostalgie de ce temps béni où il fréquentait le prince Charles d’Angleterre et possédait deux clubs de foot…

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