À l’école de Tamarod
Depuis la chute du président Morsi, des mouvements populaires s’inspirant du Tamarod égyptien fleurissent en Syrie, en Tunisie, à Bahreïn… Leur objectif : faire aboutir les révolutions inachevées.
«TAMAROD ! » (« rébellion », en français), le mot d’ordre de la jeunesse égyptienne, connaîtra-t-il le même succès que le « dégage ! » tunisien de 2011 ? De l’Atlantique au Golfe, les appels à la rébellion se sont multipliés après la destitution de Mohamed Morsi, le 3 juillet. Dès le lendemain, une page Tamarod Libye réclamait sur Facebook la fin du règne des milices. Quelques jours plus tard, des Syriens résidant à l’étranger appelaient au tamarod contre les dirigeants de l’opposition à Assad, jugés inefficaces, tandis qu’au Maroc d’autres rebelles annonçaient une grande manifestation pour le 17 août visant à faire tomber le gouvernement de l’islamiste Benkirane et à changer la Constitution. L’absence de réaction des autorités marocaines et des chefs rebelles syriens pris pour cibles atteste toutefois du faible impact de ces initiatives.
En revanche, les gouvernements de Tunisie et de Bahreïn ont, par leurs mises en garde répétées, révélé leur nervosité. Dans ces deux pays, les opposants les plus virulents estiment que la révolution, confisquée par les islamistes tunisiens et étranglée par le régime à Bahreïn, doit être remise à l’ordre du jour. L’exemple égyptien a montré la voie à suivre.
« Les forces de l’ordre empêcheront toute tentative de perturber la sécurité et l’ordre public », a averti le ministère de l’Intérieur, à Manama, le 6 juillet, après qu’un groupe Tamarod Bahreïn eut appelé à manifester le 14 août, jour anniversaire du départ des forces britanniques en 1971. Dans un communiqué, les « Rebelles du 14 août » disent « vouloir se révolter contre les autorités qui ont monopolisé les ressources nationales par des lois iniques et ont confisqué les droits du peuple ».
Tamarod en Tunisie : une chimère ?
En Tunisie, un porte-parole de l’initiative Tamarod locale a dévoilé le 3 juillet l’existence de son mouvement, discrètement actif depuis plusieurs semaines. Il a appelé à « la dissolution de l’Assemblée nationale constituante et à l’annulation du projet de Constitution ». Peu après, le ministre de l’Intérieur menaçait de réprimer tout mouvement populaire contestant « la légitimité du pouvoir ». De son côté, Rached Ghannouchi – le leader du parti islamiste Ennahdha, qui domine le gouvernement – refuse d’établir un parallèle entre l’Égypte et la Tunisie, affirmant que « croire au mouvement Tamarod est une chimère ».
Le rêve du mouvement tunisien de réunir deux millions de signatures pour exiger la chute du gouvernement se réalisera-t-il ? Le 17 juillet, il disait en avoir obtenu près de la moitié. C’était avant l’assassinat de l’opposant de gauche et député de Sidi Bouzid, Mohamed Brahimi. Un drame qui pourrait donner une nouvelle impulsion à l’initiative.
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