Maroc-Algérie : le mirage des gazoducs
À l’heure où les États européens cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe, deux projets de gazoducs en Afrique ont été sortis des cartons. Chimères ou projets viables ?
Le 28 juillet, l’Algérie, le Nigeria et le Niger ont signé un mémorandum d’entente et de concrétisation du projet de gazoduc transsaharien (TSGP) pour acheminer du gaz nigérian vers l’Europe. Quatre jours plus tard, le Maroc, par la voix de la directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), Amina Benkhadra, annonce « des contacts en cours afin de concrétiser les discussions avec nos partenaires européens », pour financer une partie du gazoduc Maroc-Nigeria, lui aussi censé approvisionner l’Union européenne (UE).
Dans un contexte géopolitique marqué par une forte demande internationale en gaz et en pétrole, la volonté européenne de s’émanciper du gaz russe et la flambée des prix en partie due à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les deux méga-projets de gazoduc sur le continent africain ont été accélérés. Sur le papier, le Nigeria – première réserve de gaz en Afrique – est engagé dans ces deux projets avec deux grands rivaux du continent : le Maroc et l’Algérie. Cette dernière est le premier exportateur de gaz africain.
Alger a rompu ses relations avec le royaume en août 2021, avant de fermer le gazoduc Maghreb-Europe (GME) en octobre de la même année. Depuis, les deux voisins sont engagés dans un bras de fer énergétique : chacun aspire à asseoir son influence en Afrique et en Europe, tout en réduisant sa dépendance extérieure en hydrocarbures côté marocain.
Effets d’annonce
Dans cette équation, aucun des deux pays ne peut se passer du Nigeria, dont dépend le développement énergétique du continent. Mais le pouvoir nigérian joue sa propre partition. Début mai, le ministre nigérian des Ressources pétrolières, Timipre Sylva, a déclaré à la presse que les Russes étaient « très intéressés » à l’idée d’investir dans le gazoduc Maroc-Nigeria.
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