Résurrections à New York d’Eliot Spitzer et Anthony Weiner

Contraints à la démission il y a quelques années pour des affaires de sexe, Eliot Spitzer et Anthony Weiner sont de retour. Le premier brigue le poste de contrôleur général. Le second, celui de maire.

Eliot Spitzer annonce sa candidature à la presse, le 8 juillet à Union square. © Richard B. Levine/Newscom/Sipa

Eliot Spitzer annonce sa candidature à la presse, le 8 juillet à Union square. © Richard B. Levine/Newscom/Sipa

Publié le 19 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

New York est écrasé par la chaleur, mais Eliot Spitzer (54 ans) reste frais comme un gardon. « Cramé » il y a cinq ans après avoir été contraint d’admettre qu’il fréquentait des prostituées, l’ancien gouverneur de l’État fait son grand retour sur la scène politique. L’incorruptible, comme on le surnommait à l’époque où, procureur général, il menait le combat contre les excès de Wall Street, brigue en effet, sous l’étiquette démocrate, le mandat de contrôleur général de la ville. Avec sa notoriété, sa fortune et le soutien de sa femme et de ses trois filles, il a de bonnes chances d’être élu à ce poste très sensible : le contrôleur général a autorité sur les dépenses de la ville, ainsi que sur son système de retraite.

Cette décision inattendue a fait aussitôt le buzz. Et les tabloïds new-yorkais s’en donnent à cœur joie. Ils multiplient jeux de mots graveleux et révélations scabreuses sur les rencontres tarifées de Spitzer. On a par exemple appris qu’il gardait ses chaussettes noires en toutes circonstances… Pour justifier son come-back, l’intéressé, qui a brièvement animé une émission sur CNN, explique que le combat politique lui manquait. Tout en appelant les New-Yorkais à lui pardonner. Sera-t-il entendu ? Pas sûr. Sur Union Square, au cœur de Manhattan, où, dans une cohue indescriptible, Spitzer a choisi de lancer sa campagne, les sifflets se mêlaient aux encouragements. « Si sa femme et ses filles lui ont pardonné, pourquoi n’en ferions-nous pas autant ? » estimait pour sa part un passant indulgent. Ironie du sort, Spitzer va devoir affronter une candidate farfelue : l’ancienne directrice de l’Emperors Club VIP, qui lui fournissait des call-girls de luxe…

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L’annonce de son entrée en campagne (dont il assurera seul le financement : plusieurs millions de dollars) a aussitôt fait souffler un vent de panique sur New York. Comme un seul homme, l’establishment démocrate et Wall Street se sont rangés derrière le candidat officiel, Scott Stringer, le débonnaire président du borough de Manhattan. Spitzer, qui, avant sa chute spectaculaire, paraissait avoir de bonnes chances de devenir le premier président juif des États-Unis, a en tout cas fait passer au second plan la spectaculaire résurrection d’un autre homme politique tombé pour des faits du même genre.

Membre de la Chambre des représentants promis à un bel avenir, Anthony Weiner, 48 ans, avait été contraint de démissionner en 2011 : il avait posté par erreur sur Twitter une photo de lui en slip qui ne cachait rien de son… émotion.

Photo en slip et commentaires salaces

Cet intéressant document était adressé à une étudiante de Seattle. Mais il est vite apparu que Weiner était coutumier du fait : d’autres photos du même genre, accompagnées de commentaires salaces, ont été adressées par ses soins à une dizaine de femmes à travers le pays.

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Le purgatoire a duré moins de deux ans. Après avoir reçu la bénédiction de sa femme, Huma Abedin (une proche collaboratrice de Hillary Clinton), Weiner s’est en effet lancé dans la course à la mairie de New York. Il ne dispose que de moyens financiers très limités, mais tente de compenser son impécuniosité par son charisme et son énergie. Non sans succès. Selon les derniers sondages, il est au coude à coude avec la favorite, Christine Quinn, speaker du conseil municipal et candidate adoubée par Michael Bloomberg, le maire sortant. Un come-back incroyable qui rappelle que les Américains n’aiment rien tant que les histoires de rédemption. Après tout, n’ont-ils pas pardonné à Bill Clinton ? Mais aussi, plus récemment, à Mark Sanford, réélu en Caroline du Sud après avoir été acculé à la démission, en 2009, après la révélation d’une liaison extraconjugale ?

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