Arrestation violente d’une diplomate sénégalaise : quand Ottawa tente de calmer Dakar

Dans l’affaire de la diplomate violemment interpelée, ce 2 août en banlieue d’Ottawa, le Sénégal déploie sa virulence contre un Canada embarrassé.

© Damien Glez

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Publié le 8 août 2022 Lecture : 2 minutes.

« Tabassage », « sauvagerie », « humiliation », « racisme » : les mots employés par les autorités sénégalaises sont crus, après l’arrestation annoncée de la première conseillère de l’ambassade du Sénégal au Canada, le 2 août à son domicile de Gatineau, en banlieue d’Ottawa. Dakar a beau jeu de sortir la Grosse Bertha de son arsenal diplomatique, le gouvernement de Justin Trudeau semblant nettement gêné aux entournures. Le ministère canadien des Affaires étrangères qualifie l’évènement de « tout simplement inacceptable ». Quant à la province du Québec où s’est déroulé l’incident, elle annonçait rapidement l’ouverture d’une procédure du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI, la police des polices québécoises) après « une intervention policière qui soulève des questions »…

Violence policière

Même lorsque les forces de l’ordre tentent de se défendre, c’est toujours en alimentant l’impression de violence qui se dégage de l’altercation de mardi. Le Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) affirme que ses éléments ont été confrontés « à une personne agressive et refusant de collaborer », qu’une policière fut « frappée au visage et blessée » et que la diplomate sénégalaise aurait « blessé par morsure un deuxième policier ». Toute chose qui aurait conduit à l’emploi de menottes que dénonce Dakar, évoquant un tabassage « sauvage », au point que la prévenue du jour aurait eu « du mal à respirer », la situation requérant l’appel d’une ambulance. En attendant que les faits soient jaugés, voire jugés, les réseaux sociaux exhalent un parfum délétère de violence policière qui n’est pas sans rappeler la supplication « I can’t breathe » de George Floyd.

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Pourtant, l’heure n’est guère à se demander si la force exercée par la police fut proportionnée, ni même si les griefs nourris par le Canada à l’encontre de la diplomate sont de nature à décrédibiliser cette dernière. Le débat le plus raisonnable se focalise sur la violation éventuelle – « flagrante » selon Dakar – de la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques. Le gouvernement canadien répète qu’il « prend très au sérieux ses obligations », rappelant que ladite Convention fait foi depuis plus de 60 ans et « prévoit un certain nombre d’immunités, y compris contre toute forme d’arrestation ». Et les forces de l’ordre – ayant ou non violé le seuil de violence légitime – de rappeler qu’elles ne faisaient, ce fameux mardi, qu’accompagner un huissier de justice « muni d’une ordonnance devant être exécutée », un « document judiciaire bel et bien valide » autorisé par un officier de justice « informé que la personne avait un statut diplomatique ».

Y a-t-il eu faille dans une procédure ignorant les règles internationales d’immunité ? Les signataires de l’ordonnance sauront-ils produire une exception légitime ? Ce n’est qu’après avoir répondu à ces questions que les autorités compétentes situeront sereinement la culpabilité éventuelle de tel officier, ce jour, ou celle de telle diplomate dans le dossier qui justifia tout ce pataquès…

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