Jean-Yves Le Drian : « Mon regard sur l’Afrique est neuf »

Lors de son arrivée au ministère de la Défense il y a un peu plus de un an, Jean-Yves Le Drian connaissait mal le continent africain. Avec le déclenchement de la crise malienne, il a très vite été lancé dans le grand bain. Il dresse pour « Jeune Afrique » un premier bilan de son action.

Petit-fils de docker, agrégé d’histoire, Jean-Yves Le Drian est un proche de François Hollande. © Jacques torregano pour J.A.

Petit-fils de docker, agrégé d’histoire, Jean-Yves Le Drian est un proche de François Hollande. © Jacques torregano pour J.A.

FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 17 juillet 2013 Lecture : 14 minutes.

Ni bavard ni expansif, mais fidèle. Jean-Yves Le Drian, 66 ans, doit à ces trois qualités d’être un ministre de la Défense apprécié de la hiérarchie militaire et l’un des membres du gouvernement les plus proches de François Hollande. Petit-fils de docker et agrégé d’histoire, ce Breton du genre granitique enraciné dans son fief lorientais comme un dolmen en terre d’Armorique occupe, hôtel de Brienne, le ministère dont il a rêvé, lui qui fut longtemps l’un des piliers de la commission de la défense à l’Assemblée nationale. Socialiste depuis 1974, ami de trente-quatre ans de François Hollande, il est depuis toujours un passionné des armées et le soldat méconnu d’une gauche réformiste qui l’a parfois, à cause de cela, regardé avec une certaine méfiance. Peu connu de l’opinion lors de sa nomination, pourtant évidente, il y a un peu plus de un an, Le Drian est aussitôt tombé dans le chaudron malien tout en gérant l’exfiltration en douceur du contingent français d’Afghanistan. Il en ressort nanti d’une cote de popularité qui, sans atteindre celle de Manuel Valls, son collègue de l’Intérieur, est l’une des meilleures du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Il est vrai que Jean-Yves Le Drian, qui a découvert l’Afrique avec l’opération Serval et pour qui le Sahel n’a désormais plus de secrets tant il a digéré de livres, de dossiers et de briefings sur le sujet, a gagné une guerre. Ce qui n’est pas donné à tout le monde.

Jeune Afrique : En Égypte, la chute de Mohamed Morsi est-elle le résultat d’un coup d’État militaire ou d’une révolte populaire ?

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Jean-Yves Le Drian : Il est encore un peu tôt pour se prononcer. J’en tire toutefois plusieurs réflexions : la mutation entre un régime dictatorial et une démocratie réelle est difficile et ne se passe pas de manière linéaire. L’Égypte est un grand pays qui doit retrouver sa sérénité pour jouer pleinement son rôle de stabilisateur dans la région.

Quelle est la situation sécuritaire au Nord-Mali ?

L’intervention des forces françaises, maliennes et des autres pays africains a permis de saper les bases des réseaux terroristes, d’éradiquer leurs capacités militaires, de couper leurs ressources et leurs soutiens logistiques. Elle rend difficile voire improbable leur reconstitution à court terme. Toutefois, des risques d’attaques ponctuelles demeurent. Nos 3 200 soldats à Bamako, Gao, Tessalit et Kidal veillent au grain. Ils continuent à mener des opérations, à trouver des caches d’armes, notamment dans les régions de Gao et de l’extrême Nord. Récemment encore, près de Gao, des caches d’armes et d’explosifs ont été découvertes, qui avaient certainement appartenu au Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest [Mujao]. Au total, plus de 350 tonnes de munitions et d’armes ont été saisies dans le nord du Mali.

Qui dit caches d’armes dit poches jihadistes résiduelles…

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Il s’agit des anciennes installations des groupes terroristes. Le plus souvent, les habitants nous donnent des informations pour les découvrir. C’est bien la preuve que les terroristes ne sont plus là. Il ne reste que le risque d’actions individuelles ou menées par de petits groupes du Mujao. Quant à Al-Qaïda au Maghreb islamique [Aqmi], elle a été sérieusement désorganisée.

On parle de 600 jihadistes tués…

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C’est plausible, mais on ne tient pas de rubrique nécrologique. On a neutralisé entre 30 % et 40 % de leurs effectifs, estimés entre 2 000 et 2 500 combattants au moment du rassemblement du Mujao, d’Ansar Eddine et d’Aqmi, à l’entame des combats, en janvier. Il y avait un noyau dur de combattants aguerris et idéologisés, des jeunes enrôlés de force et des mercenaires attirés par l’appât du gain. Que sont devenus les rescapés ? Certains sont rentrés à la maison. D’autres ont pu se replier ailleurs au Sahel.

Vos hommes circulent-ils librement dans la région de Kidal, occupée par le MNLA et le MIA ?

Sans difficulté. Il n’y a pas eu de situation conflictuelle avec les hommes du MNLA. Avec la signature de l’accord de Ouagadougou, grâce au concours de Pierre Buyoya, l’ancien président burundais, la situation est aujourd’hui apaisée. Il était nécessaire de trouver un accord politique afin que la présidentielle puisse se tenir normalement dans le Nord, que le pays retrouve un fonctionnement normal, que chaque ethnie ait le respect de l’autre. Cela nécessitait de la diplomatie. Les discussions ont été difficiles, mais elles ont abouti. Souvenez-vous d’où nous sommes partis et à quoi nous sommes parvenus en six mois. Je souhaite que chez tous les acteurs l’esprit de responsabilité l’emporte.

Faut-il des élections à tout prix, même imparfaites, le 28 juillet ?

Oui, il faut que les Maliens se dotent d’un président élu. Certes, tout ne sera pas parfait, mais mieux vaut une situation acceptable sur le plan démocratique qu’un gouvernement de transition. Le pouvoir politique doit retrouver une légitimité auprès des citoyens, de la France et de l’ensemble de la communauté internationale. Cela permettra d’appliquer la résolution onusienne et de mener à bien la réconciliation. Cette détermination est partagée par tous : les chefs d’État africains, la France, l’Union européenne, les Nations unies, les candidats qui se préparent sur le terrain… C’est la preuve qu’ils pensent que le scrutin va se tenir.

Le capitaine Sanogo représente-t-il encore une menace ?

Pour nous, c’est un capitaine parmi d’autres d’une armée en reconstruction placée sous le commandement du chef d’état-major, le général Dembélé.

L’avez-vous rencontré ?

Pourquoi l’aurais-je fait ?

Il est chargé de conduire une réflexion sur la réforme de l’armée…

Oui, il a un poste. Mais nos interlocuteurs sont les référents institutionnels. J’ai rencontré à plusieurs reprises le chef d’état-major, le ministre de la Défense, le Premier ministre et le président par intérim.

Quel est le coût de l’opération Serval ?

Environ 400 millions d’euros, sachant que l’essentiel de ce coût est dû à la logistique et au transport. Il y aura donc des charges supplémentaires puisque l’on rapatrie actuellement nos forces. Nous allons conserver jusqu’à la fin de l’été environ 3 200 hommes pour stabiliser le territoire, puis réduire notre présence à 1 000 hommes à la fin de l’année. Ils resteront au Mali le temps nécessaire. Je ne fixe pas de délai à ce stade.


Avec des soldats africains de l’opération Serval, le 26 avril,
sur la base militaire française de Gao, au Nord-Mali. © Martin Bureau/AFP

Seront-ils en première ligne en cas de nouvelles attaques ?

Ils seront sous la responsabilité de la République française, dans le cadre de l’accord passé avec le gouvernement malien. Trois missions leur seront confiées. Certains intégreront la Minusma, notamment au sein de l’état-major. D’autres poursuivront la mission européenne de formation de l’armée malienne [EUTM Mali]. D’autres encore, au nombre de 650, pourront intervenir en appui des forces onusiennes.

L’intervention au Mali a-t-elle un effet sur les trafics de drogue transfrontaliers ?

Les routes de la drogue vont de la Guinée-Bissau à la Somalie, via la boucle du Mali et la passe de Salvador, entre le Niger et la Libye. Ça ne date pas d’hier. Ces circuits ont leurs racines en Amérique du Sud. Les trafiquants avaient fait du Mali l’une de leurs routes de prédilection, avec l’implication de groupes terroristes comme le Mujao. Notre intervention les a perturbés, ils vont probablement emprunter d’autres itinéraires. La police malienne devra mener la lutte sur son territoire. Autre menace à prendre en compte : les actes de piraterie qui se développent dans le golfe de Guinée. Pour y faire face, les États riverains doivent mettre en place un dispositif et une logistique communs. Dans ce cadre, la France pourra prendre des initiatives en soutien des Africains.

Avez-vous été surpris par l’ampleur de la crise malienne ?

J’avais des informations et je voyais poindre les risques pour notre propre sécurité. Lors de mon déplacement à Washington, le 19 mai 2012, soit deux jours après mon arrivée à l’hôtel de Brienne, j’ai alerté Leon Panetta, le secrétaire américain à la Défense. Le 26 septembre, j’ai obtenu des ministres européens de la Défense réunis à Chypre le principe d’un appui pour reconstruire l’armée malienne. Mais ce que nous avons découvert sur place a de beaucoup dépassé nos prévisions. Solidement installé, l’arsenal terroriste était destiné à frapper dans tout le Sahel et au-delà.

Avez-vous craint que cette intervention puisse apparaître comme néocoloniale ?

Jamais. Dès lors que des terroristes étaient en train de saborder un État et que cet État lançait à la France un appel au secours, conformément aux règles des Nations unies, il ne pouvait pour nous s’agir que d’un devoir.

Le Sud libyen est-il un nouveau sanctuaire pour les jihadistes ?

Des îlots terroristes sont en train de se reconstituer dans le Sud-Ouest libyen avec des jihadistes venus du Mali. C’est un risque réel qu’il faut prendre en compte, d’autant que l’armée de ce pays peine à se reconstruire, que des miliciens anti-Kadhafi et des soldats de l’ancienne armée n’y ont pas été incorporés. Nous sommes disposés à aider le gouvernement dans le cadre de la Mission de l’Union européenne d’assistance aux frontières [Eubam].

Le président Mahamadou Issoufou met en cause la responsabilité d’Ansar el-Charia dans les derniers attentats au Niger…

Il doit avoir pour cela des éléments suffisants, mais moi, je ne peux pas l’attester. Je me suis rendu à Niamey le 25 avril pour m’entretenir avec lui de la situation sécuritaire au Sahel. Nous avons la même vision des risques auxquels la région est confrontée, et avons donc décidé d’accroître notre coopération militaire.

A posteriori, ne pensez-vous pas que les avertissements lancés par les présidents Issoufou et Déby Itno concernant les risques d’une intervention en Libye étaient justifiés ?

Cette intervention était nécessaire, mais ses acteurs n’ont pas su préparer les lendemains de la guerre. Ce qui n’est pas le cas pour le Mali, où la mise en place d’une transition politique est partie intégrante de l’opération internationale que nous conduisons. La bonne imbrication militaire/politique doit rendre exemplaire la résolution de la crise malienne.

Pendant la campagne électorale de 2012, on avait cru comprendre que le candidat Hollande était favorable au démantèlement des bases militaires françaises en Afrique. N’est-ce plus le cas ?

Dans son discours de Dakar du 12 octobre 2012, le président Hollande a utilisé une formule qui me semble juste : les forces françaises en Afrique doivent apporter une réponse, et non une présence. La différence entre les deux mots est essentielle. Il faut que nous soyons en position d’intervenir dans le cadre de nos accords de défense ou de coopération. Dans le cadre du Livre blanc de la défense, nous réfléchissons à un modèle de présence plus souple, à des implantations qui permettent une plus grande réactivité, une meilleure adaptabilité des moyens. Nos forces sont actuellement prépositionnées à Dakar, Libreville et Djibouti. Nous disposons aussi d’éléments à Abidjan, N’Djamena et Libreville, dont certains sont actuellement déployés à Bangui.


Présentation des forces spéciales sur la base des fusiliers marins et commandos
de Lanester, en Bretagne, le 18 janvier. © Frank Perry/AFP

Ne faut-il pas ajouter les forces spéciales, dont on parle peu mais qui sont très présentes au Mali, au Burkina et au Niger ?

On en parle peu, mais elles ne sont pas non plus très nombreuses. On réfléchit à l’ensemble du dispositif. Il y aura des allègements par endroits pour permettre une plus grande réactivité ailleurs.

Vous avez parlé de « guerre contre le terrorisme ». N’est-ce pas un langage « bushien » ?

J’assume ce langage. Quand un pays est menacé par des terroristes et risque de disparaître, j’appelle cela de l’assistance à pays en danger.

Au début de l’opération Serval, avez-vous fait passer ce message d’avertissement aux Qataris : « Attention, nous vous avons pris la main dans le sac, retirez votre soutien aux jihadistes » ?

C’est inexact, pour la bonne raison que je n’ai pas vu le sac en question. Je me suis rendu à Doha le 10 février pour des entretiens politiques qui m’ont donné les assurances que j’attendais.

On a pourtant accusé les organisations caritatives qataries de soutenir le Mujao

Je n’ai jamais eu à discuter de ce sujet avec les responsables qataris. Je n’ai rien à leur reprocher. Ce n’est pas parce que ce pays est intervenu dans la crise libyenne avec Nicolas Sarkozy qu’il a fait la même chose au Mali.

Pourquoi avoir refusé d’aider le président centrafricain François Bozizé lors de l’offensive des rebelles, en mars ?

La France n’a pas à prendre parti dans un conflit intérieur, même si un président le demande. Cela vaut pour le président Bozizé comme pour son successeur. En revanche, nous avons une mission de protection de nos ressortissants et de sécurisation de l’aéroport de Bangui dans le cadre de notre coopération avec les pays d’Afrique centrale. Quatre cents militaires sont encore présents à Bangui.

Il n’y aura donc pas de montée en puissance des troupes françaises ?

Non, mais nous continuerons à assumer notre mission et nous encourageons l’Union africaine à mobiliser la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises [Caric], en étroite coopération avec la Micopax en Centrafrique, pour assurer la sécurité.

L’absence de coopération entre le Maroc et ­l’Algérie n’est-elle pas un handicap en vue de la sécurisation de la zone sahélo-saharienne ?

Il serait aussi judicieux de mettre en oeuvre une architecture de sécurité collective impliquant les autres pays de la région. Nous avons une relation de confiance avec l’Algérie, qui a autorisé le survol de son territoire dans le cadre de l’opération Serval et coopéré en matière de renseignement et d’approvisionnement de nos forces. En décembre 2012, la visite à Alger du président Hollande a contribué au réchauffement de nos relations. J’entretiens depuis un dialogue régulier avec mon homologue, Abdelmalek Guenaizia.

Comment va le président Abdelaziz Bouteflika ?

S’agissant de l’état de santé du chef d’État d’un pays ami, vous comprendrez notre discrétion.

Qui a choisi l’hôpital des Invalides, les Algériens ou les Français ?

C’est un choix commun. Le plus approprié pour qu’il passe sa convalescence dans un lieu discret. S’il est dans cet endroit, c’est aussi que les soins dont il a besoin sont moins intensifs. Tous les chefs d’État, même français, se font soigner dans les hôpitaux militaires. Mohamed Ould Abdelaziz, le président mauritanien, l’a fait pour sa part à l’hôpital Percy, à Clamart.

En novembre 2012, au mémorial de Fréjus, vous avez présidé un hommage national au général Marcel Bigeard. Or, comme vous le savez, celui-ci a défendu l’usage de la torture pendant la guerre d’Algérie. Votre présence était-elle vraiment indispensable ?

Marcel Bigeard était aussi un ancien ministre, un ancien président de la commission de la défense de l’Assemblée nationale, l’homme de Diên Biên Phu… Son parcours militaire nécessitait que le ministre de la Défense soit présent au moment du transfert de ses cendres au cimetière de Fréjus, où, à la demande de sa fille, il repose au milieu de ses compagnons parachutistes. Le lieu, il faut le préciser, est dédié aux morts de la guerre d’Indochine. Quand j’ai pris les rênes du ministère, on me proposait de transférer les cendres du général Bigeard aux Invalides. Cela n’a pas été mon choix.

Le lobby militaro-industriel français est-il un pur fantasme ?

Il existe des organisations professionnelles d’industriels de la défense qui sont libres et s’organisent comme elles l’entendent. Le ministère de la Défense est le premier investisseur public de l’État. J’ai donc une responsabilité particulière vis-à-vis de cette industrie, pourvoyeuse d’emplois et de revenus pour la France. Il y a également une volonté de faire en sorte que les accords de défense que nous avons signés avec un certain nombre de pays soient mis en oeuvre. Et je préfère que ces pays achètent leurs équipements aux industriels français plutôt qu’à leurs concurrents étrangers.


Pendant l’interview au ministère de la Défense. © Jacques Torregano pour J.A.

Connaissiez-vous l’Afrique avant de prendre vos fonctions ?

En novembre 1995, je suis allé à Dakar dans le cadre de mes fonctions de maire de Lorient. J’y ai notamment visité des installations portuaires. J’ai également fait un séjour en Algérie en 1964-1965, au lendemain de l’indépendance. Dans le cadre de la coopération entre l’Unef, le syndicat étudiant français, et le jeune gouvernement algérien, j’y ai enseigné le français. Mais c’est vrai, je ne suis pas un « Africain ». Mon regard sur le continent est neuf. Pour moi, l’Afrique est un espace porteur d’avenir, non une terre gangrenée par le terrorisme, le trafic de drogue et la corruption.

Oui, j’ai refusé de devenir ministre de Sarkozy. J’ai des principes, des convictions personnelles, un itinéraire…

Le fait d’être franc-maçon, comme on a pu le lire dans nombre d’articles qui vous ont été consacrés, a-t-il facilité votre apprentissage de l’Afrique ?

Comme vous, j’ai lu cela.

Donc, vous démentez ?

On ne dément pas ce genre de choses. Si c’était le cas, ça me regarderait, mais je n’ai rien à dire de particulier sur le sujet.

À deux reprises, en 2007 et en 2009, au temps de « l’ouverture », Nicolas Sarkozy vous a proposé de devenir son ministre de la Défense. Pourquoi avez-vous décliné ?

Il m’a en effet appelé lorsqu’il a constitué son gouvernement, en 2007. Il est revenu à la charge, deux ans plus tard, de manière moins solennelle : « Si tu veux venir, la porte est toujours ouverte… » Pourquoi ai-je refusé ? Parce que j’ai une histoire, laquelle est faite de principes, de convictions personnelles, d’un itinéraire et de fidélité politique.

François Hollande est-il un bon chef de guerre ?

Oui. Le 11 janvier 2013, il a pris pour le Mali une décision rapide et définitive.

Pourquoi ne met-il pas ces qualités au service de sa politique intérieure ?

Je suis surpris que l’on tienne ce genre de propos. Sur les sujets les plus importants, il ne change pas de cap. C’est vrai sur ses engagements de campagne, la compétitivité des entreprises, la nécessité de réduire les dépenses publiques.

L’intervention au Mali vous a valu une notoriété nouvelle et une cote de popularité flatteuse. Diriez-vous comme Manuel Valls, votre collègue de l’Intérieur, que c’est là la rançon du travail bien fait ?

J’ai une mission à accomplir, je la remplis du mieux possible en fonction de ce que je crois être l’intérêt général. Jusqu’à présent, ça a marché. Si vous voulez traduire cela en termes de satisfaction personnelle, j’ai été réélu à treize reprises et n’ai perdu qu’une seule fois, si on cumule mes combats pour la mairie de Lorient, la députation et la présidence de la région Bretagne. Quand on fait son travail correctement, sans ostentation et en restant fidèle à ses principes, les gens le reconnaissent. Mais si on dit une chose et qu’on en fait une autre, on tombe.

Ministre de la Défense, vous en rêviez depuis toujours…

Je m’intéresse aux questions militaires depuis plus de trente ans. Dans l’histoire de France, le député de Lorient a toujours été membre de la commission de la défense de l’Assemblée nationale. C’est donc un ministère qui me va bien, et une mission passionnante à remplir au service de mon pays.

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Propos recueillis par François Soudan et Pascal Airault

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