Casse-tête à l’égyptienne

Des Frères qui n’acceptent pas leur défaite et une feuille de route critiquée : pour Adly Mansour, le nouveau chef de l’État égyptien par intérim, la tâche est délicate.

Adly Mansour (à dr.) avec le président de la cour de cassation, le 6 juillet. © Egyptian presidency/AFP

Adly Mansour (à dr.) avec le président de la cour de cassation, le 6 juillet. © Egyptian presidency/AFP

Publié le 23 juillet 2013 Lecture : 2 minutes.

Un proverbe égyptien dit que « l’âne apprend par la répétition ». Il ne s’applique manifestement pas à la classe politique. Le président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, a été renversé car sa majorité ignorait royalement l’opposition. Que dire, donc, du président par intérim Adly Mansour qui, sans consulter celle-ci, a publié le 8 juillet une déclaration constitutionnelle censée régler l’exercice du pouvoir durant la transition et fixer un calendrier électoral ? Sans surprise, l’initiative a provoqué une levée de boucliers. Le mouvement de contestation Tamarod a notamment rejeté cette feuille de route, protestant contre l’attribution de pouvoirs étendus au président. Dès le 9 juillet, Mansour s’est engagé à revoir le texte, qui prévoit une réforme de la loi fondamentale soumise à référendum et l’organisation d’élections législatives et présidentielle dans un délai de un an.

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Après moult péripéties, le pays s’est néanmoins doté d’un Premier ministre : l’économiste Hazem al-Beblawi. Ministre des Finances durant la première période de transition, il avait présenté sa démission en octobre 2011 après la sanglante répression d’une manifestation de Coptes à Maspero (centre du Caire).

Beblawi doit désormais former un gouvernement. D’après la présidence, il pourrait proposer plusieurs portefeuilles au Parti de la liberté et de la justice, bras politique des Frères musulmans. Mais la confrérie s’est enfermée dans le déni. Devant la mosquée de Rabia al-Adawiya (dans l’est du Caire), où se sont massés ses partisans, on attend le retour au pouvoir de l’ex-président Morsi. Ahmed Aref, porte-parole des Frères, rejette les appels au dialogue des autorités de la transition. « Les locaux du parti sont fermés, ses dirigeants sont arrêtés et les médias officiels nous traitent de terroristes. Comment dialoguer après cela ? » demande-t-il, incrédule.

Barricades

Autre inconnue, les intentions des salafistes d’Al-Nour, deuxième force politique du pays lors des législatives de 2011. Durant plusieurs mois, ses dirigeants ont tenté, sans succès, de jouer les médiateurs entre le pouvoir islamiste et l’opposition libérale. Et, officiellement, le parti n’a participé ni aux manifestations de soutien au président, ni à celles qui ont mené à sa chute. En réalité, nombre de ses membres se trouvaient sur les barricades dressées par les pro-Morsi. Et l’opposition du parti a fortement pesé dans la décision de ne pas nommer Mohamed el-Baradei Premier ministre. « Al-Nour essaie de prendre la place des Frères, et l’armée et le président veulent un représentant du courant islamiste à leurs côtés, affirme Chehab Waguih, porte-parole du Parti des Égyptiens libres. Mais cela ne doit pas se faire en marginalisant les autres forces. » Et d’espérer que les jeunes militants de Tamarod ne seront pas exclus de l’arène politique, comme l’ont été avant eux les jeunes révolutionnaires de janvier et février 2011.

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