Opposition syrienne : guerre d’influence entre Qatar et Arabie saoudite
Longtemps soutenue par le Qatar, la principale plateforme d’opposition de la Syrie semble désormais pencher pour son voisin saoudien. Entre Doha et Riyad, la concurrence fait rage.
![Ahmad Assi Jarba, le nouveau président du CNS. © SIPA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2013/07/18/018072013152232000000ahmad_assi_jarba_pays_sipa.jpg)
Ahmad Assi Jarba, le nouveau président du CNS. © SIPA
Grandes manoeuvres sur le front politique syrien. « Quand un dirigeant ne corrige pas une série d’erreurs, il doit rendre des comptes », a déclaré le 11 juillet le président Bachar al-Assad, pour expliquer le renouvellement complet des seize membres du comité central du Baas, le parti présidentiel, parmi lesquels l’apparatchik Farouk al-Chared. « Un changement cosmétique qui vise sans doute à écarter définitivement le dernier »modéré » du régime, et à mettre en place des larbins qui obéiront au doigt et à l’oeil à Bachar pour la campagne présidentielle de 2014 », commente Thomas Pierret, universitaire français spécialiste de la Syrie. Un moyen facile, également, d’imputer à une poignée de civils sans réels pouvoirs la responsabilité des difficultés rencontrées par le régime sur le terrain militaire.
Beaucoup plus intéressants sont, en revanche, les changements intervenus à la tête de la Coalition nationale syrienne (CNS), le regroupement de partis d’opposition désormais l’interlocuteur privilégié des puissances occidentales et arabes devenues hostiles à Assad. Le 6 juillet, après trois jours de houleuses délibérations, la formation a nommé à sa tête Ahmad Assi Jarba, chef de tribu et opposant historique, réputé proche de l’Arabie saoudite. Premier parrain de la contestation, le Qatar a échoué à placer son candidat. Une petite révolution interne qui traduit l’implication croissante ces derniers mois de Riyad au détriment de Doha dans la crise syrienne. Le signe également qu’une majorité à la CNS a basculé du côté saoudien.
Revirements en série
« Les Frères musulmans [soutenus à l’origine par le Qatar et qui dominent la coalition] ont retourné leur veste en faveur du candidat des Saoudiens, remarque Pierret. Ils y ont gagné un poste de vice-président à la CNS. Un repositionnement très étonnant à l’heure où l’Arabie saoudite fait tout pour empêcher le retour des Frères en Égypte. » Autre indice de l’influence grandissante de Riyad, la chaîne saoudienne Al-Arabiya, concurrente de la qatarie Al-Jazira, a célébré avec grandiloquence l’anniversaire de la création de la brigade rebelle Liwa al-Tawhid, proche des Frères et jusque-là financée par le Qatar. Pour Pierret, « il y a de fortes chances que ces hommes soient eux aussi passés du côté saoudien ». Conséquence de ces revirements, Ghassan Hitto, proche des Qataris et Premier ministre d’un gouvernement qu’il a échoué à former depuis quatre mois, a démissionné le 8 juillet.
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