Kosovo : le pays qui n’existe pas
Indépendante depuis 2008, le Kosovo, république ex-yougoslave, est reconnue par 96 pays membres de l’ONU. Mais son équipe de football n’a pas le droit de disputer le moindre match.
Le Kosovo en a vu d’autres, mais quand même ! Comme dans toutes les républiques de l’ex-Yougoslavie, le football est ici une passion nationale. Alors, sa mise à l’écart par les instances internationales – la Fifa et l’UEFA – provoque lassitude et incompréhension. Voire des réactions hostiles. Depuis la proclamation de son indépendance, le 17 février 2008, ce pays de 1,8 million d’habitants a été reconnu par 23 des 28 membres de l’Union européenne. « Avant, notre sélection nationale était autorisée à jouer des matchs amicaux. Depuis, ce n’est plus le cas », déplore Fadil Vokrri (53 ans), ancien international yougoslave et président de la fédération kosovare (FKF). Pour être tout à fait précis, les Rising Eagles n’ont, en tout et pour tout, disputé que deux matchs amicaux, contre des équipes de clubs, en 2010 et 2011.
« Quatre-vingt-seize pays membres de plein droit des Nations unies [sur 193] nous reconnaissent. Nous avons rejoint le FMI et la Banque mondiale, mais notre sélection A reste privée de compétition. En 2012, le comité exécutif de la Fifa a accepté que nous jouions au Kosovo, mais avec l’accord de la fédération serbe. Et à l’extérieur, sans hymne ni drapeau, ce qui n’est pas acceptable, poursuit Vokrri. Je sais que les statuts de l’UEFA imposent que, pour être affilié, un pays doive être membre de l’ONU. Mais, dans un premier temps, nous souhaitons simplement pouvoir disputer des matchs amicaux, même si on espère pouvoir jouer les éliminatoires de l’Euro 2016. »
Pressé par une partie des acteurs du football local de porter plainte devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), le président de la FKF repousse pour l’instant cette éventualité. « Cela reviendrait à attaquer indirectement la Fifa. Or celle-ci tente de soutenir notre cause. » Un proche du dossier assure quant à lui que Michel Platini, qui a été soutenu par la Serbie lors de son élection à la présidence de l’UEFA, ne veut pas brusquer Belgrade. « Et il est fort possible que des supporteurs nationalistes serbes fassent pression sur la fédération européenne », renchérit Predrag Jovic, le vice-président serbe de la FKF. Seule (petite) consolation, l’équipe Espoirs a le droit de disputer des matchs amicaux. Et puis, après la visite de Joseph Blatter le 13 juin à Belgrade, la perspective d’une rencontre, en septembre, entre les patrons des fédérations serbe et kosovare semble se préciser…
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