Tunisie : tempête sous la coupole

L’adoption d’une nouvelle Constitution aurait dû faire consensus. On en est loin, à en juger par la virulence des débats parlementaires en Tunisie.

L’Assemblée nationale constituante débat de la loi fondamentale, le 1er juillet. © Hichem

L’Assemblée nationale constituante débat de la loi fondamentale, le 1er juillet. © Hichem

Publié le 11 juillet 2013 Lecture : 2 minutes.

Préambule à une lecture article par article du projet de loi fondamentale, la discussion générale portant sur la nouvelle Constitution aurait dû être un temps fort de la transition. Mais sous la coupole du Bardo, le 1er juillet, la solennité a cédé la place à une véritable foire d’empoigne, symbolique de la confrontation de deux visions opposées de l’avenir de la Tunisie. Objet de la querelle : la présence d’articles controversés malgré les directives des différentes commissions parlementaires.

Pour s’imposer, les progressistes ont donc choisi une solution radicale : faire du bruit. « Nous n’avions d’autre choix que hurler. L’opinion doit comprendre que ce projet est devenu un enjeu idéologique », explique un député de l’Alliance démocratique. Un chahut tel que l’islamiste Habib Khedher, rapporteur de la Constitution, n’a pu prendre la parole. Le comité qu’il préside est accusé d’avoir outrepassé ses prérogatives et modifié des articles pourtant ratifiés par lesdites commissions.

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En effet, malgré les nombreuses tentatives pour parvenir à une mouture finale consensuelle, le texte ne souligne pas assez le caractère civil de l’État et n’affirme pas clairement l’égalité entre les sexes. Par ailleurs, en stipulant que « la Constitution tunisienne prévaut sur les engagements internationaux », l’article 19 prive les citoyens de droits parfois plus avantageux. La liberté d’expression, enfin, est menacée par l’article 124, qui prévoit la création d’une instance de régulation des médias doublant celle qui avait été créée il y a quelques mois avec l’assentiment de tous les partis et des professionnels du secteur. Rare point positif, le projet, du moins tel qu’il est présenté, ne fait pas de l’islam une source de droit et équilibre les rapports entre exécutif et législatif.

Un brassard rouge pour les progressistes

Du côté d’Ennahdha, on se gausse toujours des prétentions des modernistes, mais les persifleurs ont baissé d’un ton. C’est qu’entre-temps en Égypte le président Morsi a été démis de ses fonctions, portant un rude coup à la confrérie des Frères musulmans. Dans l’Hémicycle aujourd’hui, les esprits semblent s’être apaisés. Une commission a été chargée de recenser les points litigieux et les progressistes portent maintenant un brassard rouge en signe de protestation, espérant être enfin entendus.

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