Pourquoi le Ghana conteste l’abaissement de sa note souveraine
Coup sur coup, les trois principales agences de notation internationales, Moody’s, Standard and Poor’s et Fitch ont dégradé la note souveraine du Ghana, qualifiant sa dette de spéculative. Le gouvernement se rebiffe.
Avec une dette qui s’élève à plus de 80 % de son PIB, une inflation qui atteint des sommets historiques (+30 % en juin) et une dépréciation alarmante du cedi (-30 % ), le Ghana a vu sa notation dégradée par les principales agences internationales. Le 5 août, S&P Global Ratings a emboité le pas à l’agence Moody’s, en rétrogradant la note du pays, qui est passée de B-/B à CCC+/C. Le 10 août, c’est Fitch Ratings qui a confirmé cette tendance, en octroyant cette même note et en qualifiant la dette ghanéenne de « spéculative ».
Sans surprise, Ken Ofori-Atta, le ministre ghanéen des Finances a contesté publiquement cette rétrogradation. « Le gouvernement est déçu par la décision de S&P de déclasser le Ghana malgré les politiques audacieuses mises en œuvre en 2022 pour relever les défis macro-budgétaires et la viabilité de la dette », peut-on lire dans le communiqué officiel que son ministère a diffusé le 8 août.
Dans le même temps, il a déclaré que son pays prépare un revirement : « Le gouvernement est convaincu qu’il réussira à relever ces défis dans les plus brefs délais, car nous avons déjà démontré notre capacité à le faire », a-t-il déclaré.
Ratio dette/PIB trop important
Pour justifier sa décision, S&P a expliqué que les « options de financement commercial » du gouvernement de même que ses « réserves budgétaires » sont limitées. L’agence de notation ajoute que les coûts des emprunts du pays augmentent plus vite que sa croissance économique (0,9 % début 2022), ce qui porte le ratio dette/PIB à 83 %. Selon Fitch Solutions, cette situation risque de perdurer, avec un ratio qui pourrait atteindre 84,5 % en 2023.
Pour le grand argentier du Nouveau parti patriotique (NPP), la conjoncture économique difficile que traverse son pays a été « considérablement exacerbée par l’impact des chocs externes mondiaux ». Ken Ofori-Atta estime toutefois que les mesures macroéconomiques prises au début de cette année porteront bientôt leurs fruits. Pour rappel, en 2022, le Ghana a réduit de 30 % le salaire de ses fonctionnaires, introduit une taxe sur le numérique, et mis en place une série de mesures volontaristes adoptées par la Banque centrale.
Économie balbutiante
Cette année, le Ghana qui avait émis avec succès un eurobond de 3 milliards de dollars en 2021, n’a pas été en mesure de solliciter les marchés financiers internationaux, ce que le ministère des Finances et la Banque centrale ont partiellement imputé aux révisions à la baisse de la notation de sa dette souveraine. Selon Bloomberg, au mercredi 10 août, « la prime exigée par les investisseurs pour détenir la dette ghanéenne s’élevait à 1 807 points de base par rapport aux bons du Trésor américain, selon les indices de JPMorgan Chase & Co, ce qui a pour effet d’exclure le pays des marchés financiers internationaux ».
Cependant, le Ghana est entré en discussion en juillet avec le FMI pour obtenir un appui financier. D’après Bloomberg, ces négociations porteraient sur un prêt d’environ 3 milliards de dollars qui s’étalerait sur trois ans. Il s’agit là d’un montant représentant « le double de ce que la nation ouest-africaine envisageait de lever il y a un mois, alors qu’elle tente d’assainir ses finances et de regagner l’accès aux marchés mondiaux », rappelle l’agence.
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