Football : en Algérie, elles la jouent comme Beckham
Une ligue nationale, quatre fois plus de licenciées qu’il y a trois ans, des supporteurs enthousiastes… Les footballeuses algériennes ne cessent de marquer des points.
À 35 ans, Nassiba Laghouati (en bas à droite sur la photo) n’est pas près de raccrocher les crampons. Joueuse et entraîneuse d’Affak Relizane, équipe de football féminin, qui a remporté les deux derniers championnats nationaux, cette boule d’énergie possède un palmarès à faire pâlir d’envie un professionnel de Ligue 1. Évoluant sur les terrains depuis vingt ans, Nassiba a remporté quatorze Coupes d’Algérie et treize championnats. Originaire de Bab el-Oued et issue d’une famille de douze frères et soeurs, cette diplômée en sciences politiques ne jure que par le ballon rond. « J’ai commencé à jouer à l’âge de 5 ans avec les garçons de mon quartier. Mon père m’appelait "gnina" [lapin] parce que je courais partout, dit-elle. Mes parents et mes frères m’ont toujours encouragée et j’espère que tous les Algériens feront la même chose avec leurs filles. »
Nassiba fait partie des 3 000 licenciées recensées par la Fédération algérienne de football (FAF). Si la pratique de ce sport demeure marginale dans sa version féminine (relativement au nombre d’hommes, qui s’élève à 1,7 million), il suscite cependant un engouement croissant. « La finale de la Coupe nationale féminine que nous avons remportée le 26 avril dernier s’est jouée devant des milliers de spectateurs dans la ville de Blida, pourtant réputée conservatrice, raconte Nassiba. Toutes les filles jouaient avec un maillot, un short et sans foulard. »
Lancé en 2009, le championnat national senior féminin était disputé cette année par douze clubs venant de toutes les régions du pays. « Pourtant, en 2010, nous ne comptions que 744 licenciées, explique Kashi Djamel, chargé du football féminin au sein de la FAF. Trois ans plus tard, leur nombre a été multiplié par quatre. C’est dire l’enthousiasme que soulève le ballon rond auprès de la gente féminine, mais aussi auprès des familles. »
Merveilles
Soutenus financièrement par la Fédération, qui consacre chaque année une enveloppe de 60 millions de dinars (près de 570 000 euros, dont un tiers de sponsoring versé par l’opérateur téléphonique Nedjma), les clubs sont tenus de développer la pratique du football féminin en créant des sections pour jeunes filles. « La FAF prend en charge tous les frais de déplacement des clubs qui jouent à l’extérieur. En contrepartie, nous exigeons que les chefs d’équipe encouragent les adolescentes à faire de la formation et de la compétition, précise Kashi Djamel. D’autant que les clubs reçoivent aussi des subventions des collectivités locales et des pouvoirs publics. »
Alors que la première ligue nationale de football féminin a vu officiellement le jour ce 24 juin à Alger, 87 entraîneurs, dont 57 femmes, ont été formés par la Fédération l’an dernier. Se situant à la 74e place au classement Fifa 2012, l’équipe n’a pas autant brillé que la sélection masculine sur le plan international. Mais les homologues féminines des joueurs Karim Ziani, Rafik Djebbour et Karim Braham Chaouch ont tout de même déjà remporté la Coupe arabe, en 2006, au Caire, et décroché la troisième place des Jeux africains de Maputo, en 2011. Elles sont en train de disputer les éliminatoires de la CAN 2014, qui se déroulera en Namibie. N’ayant plus l’âge d’y participer, Nassiba a fait une croix sur la sélection nationale mais rêve de voir ses compatriotes galvaniser les stades. « Si on leur en donne les moyens, dit-elle, les footballeuses feront des merveilles en Algérie et aux quatre coins du monde. »
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