Thaïlande : des moines très bling-bling
Un nouveau scandale en témoigne : nombre de religieux bouddhistes sont très loin de pratiquer l’ascèse et le dénuement.
Scandale dans la très bouddhiste Thaïlande ! Une vidéo publiée sur YouTube et visionnée des milliers de fois montre un groupe de trois moines voyageant dans un luxueux jet privé. Hormis l’obligatoire robe safran, ils arborent la parfaite panoplie du jet-setteur bling-bling : bagages Louis Vuitton, casque sans fil et lunettes Ray-Ban Aviator. Leur hiérarchie s’en est émue. Ces comportements, estime-t-elle, vont « à l’encontre des idéaux de dénuement de la doctrine », ce qui n’est pas douteux. Mais les fidèles en sont, selon elle, largement responsables. « Gâter les bonzes en leur offrant des cadeaux luxueux, des voitures de sport, des montres ou des gadgets high-tech est une incitation au vice », a ainsi estimé, à la télévision, un représentant de l’Office national du bouddhisme. De fait, le vol en question avait été affrété par un fidèle pour transporter les moines de Bangkok à leur temple de Khantitham, dans le nord-est du pays.
L’affaire était déjà embarrassante. Elle l’est davantage encore depuis que, le 19 juin, des photos de Luang Pu Nenkham, l’un des moines, en galante compagnie ont commencé à faire le tour du web. Officiellement chargé de traquer sur internet toute injure à la nation, à la monarchie ou à la religion, Songkran Achariyasap a jugé que « la limite de la tolérance » avait été largement dépassée et a aussitôt ordonné l’ouverture d’une enquête sur les relations et les possessions immobilières du moine. Luang Pu Nenkham vivrait en effet sur terrain offert par des fidèles qui souhaitaient qu’il y construise un temple…
Crise morale
Symptôme de la grave crise morale que traverse le bouddhisme thaïlandais depuis la fin des années 1990, ce scandale est loin d’être le premier. En 2012, 300 moines et novices – sur plus de 61 000 que compte le pays – ont été réprimandés ou exclus de la vie monastique pour consommation d’alcool, affaires de moeurs, escroquerie, pédophilie, trafic de drogue et jeux d’argent. Résultat : la population, pourtant bouddhiste à 95 %, se détourne de plus en plus de son clergé.
Le supérieur du temple de Khantitham ne s’est pas encore prononcé sur cette malheureuse affaire pour la simple raison… qu’il est en voyage en France ! En attendant son retour – en jet privé ? -, la page d’accueil du site web du temple rappelle que « le détachement des biens matériels demeure au coeur de la vocation de ceux qui prêchent la doctrine ».
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