Maroc – Football : pourquoi Vahid Halilhodzic a été remercié

Conflit avec Hakim Ziyech, méthodes trop exigeantes, joueurs locaux snobés… les raisons du départ du sélectionneur des Lions de l’Atlas.

Vahid Halilhodzic, l’ex-sélectionneur des Lions de l’Atlas. © Ronan Houssin/Panoramic

Alexis Billebault

Publié le 13 août 2022 Lecture : 4 minutes.

Il y a quelques semaines, l’un des membres du staff technique de Vahid Halilhodzic, croisé dans les tribunes d’un stade français, s’était montré plutôt optimiste concernant l’avenir du sélectionneur des Lions de l’Atlas et de ses adjoints. « Je pense que cette fois-ci, la question de son départ ne se pose plus. La Coupe du monde approche (le Maroc affrontera la Croatie, le Canada et la Belgique au 1er tour), il y a des matchs amicaux qui arrivent en septembre contre le Chili et le Paraguay en Espagne, il y a beaucoup de travail, tout cela semble derrière nous. »

Les faits lui ont donné tort : le jeudi 11 août, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) a annoncé la départ du Bosnien de 69 ans, à l’issue d’un accord à l’amiable, en raison « des divergences de points de vue entre la fédération et le sélectionneur sur la meilleure façon de préparer la Coupe du monde », selon le communiqué publié par l’instance. Le technicien, nommé en août 2019 pour succéder au Français Hervé Renard, était sous contrat jusqu’en 2023. Totalement dépité après cette décision pourtant prévisible, il aurait renoncé à exiger la totalité des sommes qui lui sont dues – il percevait un salaire mensuel estimé à 80 000 euros, hors primes et avantages.

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Limogé avant la Coupe du monde

Pour la troisième fois de sa carrière, après la Côte d’Ivoire en 2010 et le Japon en 2018, Halilhodzic a été limogé avant une Coupe du monde, après avoir qualifié les équipes.

Les raisons de son départ ne reposent pas uniquement sur son conflit avec Hakim Ziyech, le joueur de Chelsea, dont le président de la FRMF, Fouzi Lekjaâ, souhaite plus que tout le retour, un souhait partagé par de très nombreux supporters des Lions, dont certains ont interpellé le technicien à plusieurs reprises dans des stades du royaume.

« Ziyech, c’est une chose, mais les relations commençaient aussi à se tendre avec d’autres joueurs. Halilhodzic est un coach exigeant, dont les méthodes peuvent ne pas fonctionner avec la nouvelle génération. Ajoutez-y des tensions régulières avec la presse, l’échec de la CAN… tout cela explique la décision de Lekjaâ, qui a commencé justement à beaucoup moins soutenir Halilhodzic au retour du Cameroun », explique un proche de la FRMF.

Lekjaâ a anticipé de futurs conflits ?

Il est également reproché à Vahid Halilhodzic de ne pas avoir assez fait confiance aux joueurs locaux, alors que le Wydad Casablanca a remporté la Ligue des champions, et la Renaissance sportive de Berkane, le club cher à Lekjaâ, celle de la CAF, en 2022. Le sort de l’ancien sélectionneur de l’Algérie scellé, ainsi que celui de son staff technique, le public marocain attend avec impatience le nom de son successeur.

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Au mois de mai dernier, alors que la question du limogeage du Bosnien, après la qualification pour la Coupe du monde face à la République démocratique du Congo (1-1, 4-1), était évoquée, le nom du Portugais André Villas-Boas avait circulé. L’ancien entraîneur de Chelsea et de l’Olympique de Marseille avait même été aperçu à Casablanca. Les noms de Laurent Blanc et de Rudi Garcia étaient aussi évoqués dans la liste des possibles successeurs d’Halilhodzic, ainsi que celui de Walid Regragui.

Ce dernier, âgé de 47 ans, a porté 45 fois le maillot des Lions de l’Atlas, avec qui il a décroché la deuxième place de la CAN 2004, et semble le mieux placé. Passé par Toulouse, l’AC Ajaccio, Dijon, Grenoble et Santander en Espagne, Regragui a entamé sa carrière d’entraîneur en tant qu’adjoint de l’ex-sélectionneur Rachid Taoussi, en 2012. Devenu numéro 1 au FUS Rabat, qu’il a conduit au titre de champion du Maroc en 2016, Walid Regragui s’est ensuite exilé à Al-Duhail (Qatar), avant de revenir dans le royaume en septembre 2021, à la tête du Wydad.

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Vainqueur de la Ligue des champions et du Championnat marocain, il a démissionné après la défaite en finale de la Coupe du trône contre Berkane. « Il est très populaire, vient de réaliser une très belle saison avec le Wydad, et comme c’est un binational [il est né en France, ndlr], il connaît aussi bien la mentalité des locaux que des binationaux », intervient le journaliste et consultant Nassim El Kerf. Fouzi Lekjaâ aurait profité de la notoriété grandissante de Walid Regragui pour se séparer d’Halilhodzic et le nommer – sauf coup de théâtre – sur le banc des Lions.

« Un bon signal »

Polyglotte – il parle français, arabe, anglais et espagnol – et cultivé, Walid Regragui n’a pas caché son ambition de devenir, à terme, le sélectionneur du Maroc. Sa nomination serait bien perçue par l’opinion. « Ce serait en effet un bon signal. Comme, pour un Marocain, refuser d’entraîner la sélection est impensable, il y a de fortes chances qu’il soit nommé », ajoute Nassim El Kerf.

Walid Regragui serait d’ailleurs en train de composer son staff technique, et signerait un contrat  de trois ans, avec comme objectifs la qualification pour la CAN 2023 et la Coupe du monde 2026. Il présente également l’avantage d’être moins gourmand financièrement que ne l’étaient Halilhodzic ou Villas-Boas, même si la FRMF, qui va devoir signer un chèque au Bosnien, va toucher au minimum 8 millions d’euros versés  par la FIFA pour sa participation à la Coupe du monde. Et même davantage en fonction du parcours des Lions au Qatar…

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