Équateur : Rafael Correa, Chávez bis ?
Déjà en froid avec les États-Unis, Rafael Correa, le président de l’Équateur, pourrait aggraver son cas en accordant l’asile à Edward Snowden, le « traître » de la NSA.
Nouveau pied de nez d’un dirigeant de l’Amérique latine bolivarienne à son grand voisin du Nord. L’Équateur, qui accueille déjà en son ambassade de Londres Julian Assange, le patron de WikiLeaks, doit désormais se décider à accorder ou non l’asile politique à Edward Snowden. L’ancien consultant de la National Security Agency (NSA) a fui Hong Kong, où il résidait, après avoir révélé le programme secret de surveillance des données électroniques (Prism). Il était toujours retenu, le 28 juin, à l’aéroport international de Moscou. Le président Rafael Correa, qui suit personnellement le dossier, veut en faire une arme dans le bras de fer idéologique qui l’oppose aux Américains. Réélu triomphalement en février, fort d’une confortable majorité pour son parti Alianza País, Correa se positionne de plus en plus comme un leader de la région.
« Accorder l’asile à M. Snowden ne serait pas une bonne chose pour les relations entre les deux pays », a mis en garde Patrick Ventrell, porte-parole adjoint du département d’État. Fernando Alvarado, son homologue du gouvernement équatorien, a répliqué en proposant de renoncer aux 23 millions de dollars par an (près de 18 millions d’euros) de préférences douanières dont bénéficient les exportations équatoriennes aux États-Unis. Washington pourrait en profiter pour financer des formations aux droits de l’homme afin « d’éviter les atteintes à la vie privée et la torture », a-t-il persiflé. Docteur en économie de l’université de l’Illinois, le président Correa, 50 ans, sait pourtant que 40 % des exportations de l’Équateur sont destinées aux États-Unis. Mais depuis le décès du président vénézuélien Hugo Chávez, la place de premier chantre de l’anti-impéralisme américain est à prendre…
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