Où sont passés les Indignés africains ?
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Marwane Ben Yahmed
Directeur de publication de Jeune Afrique.
Publié le 1 juillet 2013 Lecture : 2 minutes.
De là où il nous observe, certainement un petit coin de paradis, Stéphane Hessel doit jubiler ! Après les révoltes arabes, les manifestations anticrise en Espagne, en Italie, au Portugal, en Grèce, en Grande-Bretagne ou en Israël, les occupants de Wall Street, les étudiants chiliens en colère, les grévistes algériens ou les contestataires du Xinjiang, voilà que mêmes les supposés futurs cadors de l’économie mondiale s’y mettent. Les miracles turc et brésilien, dont on nous rebat les oreilles depuis plusieurs années, ne seraient-ils, en fin de compte, que des mirages ?
L’ami Hessel, qui nous exhortait, peu de temps avant d’entreprendre son dernier voyage, à l’indignation, a été pris au mot. Sans doute au-delà de ses espérances… Ni Dieu ni maîtres, de la finance ou de la politique. Aucun carcan, fût-il religieux, identitaire ou idéologique. La fin des blancs-seings accordés aux dirigeants et de la résignation passive. Un peu partout dans le monde, les règles changent et les verrous sautent.
Et l’Afrique subsaharienne dans tout ça ? Nous aurions tort de considérer qu’elle serait immunisée contre ce « virus » dont on ne mesure pas encore tous les effets. Les arguments brandis jusqu’ici par certains pour s’en convaincre ? Un faible niveau général d’éducation, des pouvoirs forts et autoritaires, une connexion limitée avec le monde extérieur, des réseaux sociaux peu utilisés, le développement insuffisant des classes moyennes, etc. Autant de paramètres réels, mais qui, eux aussi, évoluent plus vite qu’on ne le pensait. Surtout, la question n’est plus celle de la prise de conscience, déjà effective, mais celle du passage à l’acte. Les Africains, comme tous les autres, réclament plus de libertés, plus de droits, plus de justice, une meilleure répartition des richesses, moins de privilèges indus, une solidarité plus grande, des dirigeants vertueux et en phase avec leurs réalités, des actes en adéquation avec les discours. Ils ont peur, aussi, de l’avenir et des extrémismes que ce sentiment, hélas ! renforce.
Ils sont peu nombreux, pour l’instant, ceux qui se mobilisent au sud du Sahara pour s’insurger contre la perte de valeurs d’un monde dont ils ne veulent pas, contre les abus de dirigeants indélicats, voire incompétents, ou pour exprimer leur ras-le-bol, quelles qu’en soient les motivations profondes (injustice sociale, sentiment d’exclusion, aspirations démocratiques, etc.). Mais cela commence toujours ainsi…
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