Les terres rares africaines, manne ou malédiction ?
Pour sortir de la dépendance occidentale à la Chine, leader incontesté du secteur, l’heure est à la quête tous azimuts de nouvelles sources d’approvisionnement. Et dans cette bataille, l’Afrique est au centre de toutes les attentions. Décryptage en infographies.
Publié le 18 août 2022 Lecture : 2 minutes.
Outre l’explosion de la demande dans les secteurs des technologies – smartphones en tête – le besoin en terres rares se fait de plus en plus pressant pour répondre aux besoins croissants des filières dites « vertes ». Il faut en effet pas moins d’une tonne de terres rares pour une seule et unique éolienne, et les moteurs des voitures électriques ne sont pas moins gourmands… Un paradoxe, sans doute, alors que l’urgence climatique commande de réduire drastiquement le recours aux industries extractives.
Projets et rachats
Conséquence, pas une semaine ne passe sans que ne soit annoncée la signature d’un contrat de concession ou de rachat par une entreprise internationale d’un projet de mine de terres rares sur le continent africain. Les sommes en jeu donnent une idée de l’enjeu. En juillet, Mkango Resources a ainsi annoncé que la mine de terres rares de Songwe Hill, qu’elle détient au Malawi, devrait entrer en production dès 2025. La société canadienne anticipe que son investissement- 277,4 millions de dollars – sera entièrement rentabilisé en deux ans et demi d’exploitation du site, avec 2,1 milliards de dollars de flux de trésorerie dégagés durant toute la durée d’opération de la mine, estimée à 18 ans.
En mai dernier, c’est l’Australien Bannerman Energy qui a annoncé avoir acquis 41,8% des parts de la société Namibia Critical Metals, qui détient 95% du projet de mines de terres rares de Lofdal, en Namibie, pour 7,24 milliards de dollars australiens (environ 5,02 milliards de dollars américains) via un échange de parts avec le Sud-Africain Philco Systems et le Britannique Adventure Resources Holdings.
Quels dividendes ?
En Angola, João Lourenço a accordé en 2020 les droits d’exploitation exclusifs sur la mine de Longonjo, qui produit notamment du néodyme et du praséodyme, pour une période de 35 ans à Ozango Minerais S.A., filiale angolaise du Britannique Pensana Rare Earths. Les perspectives sont faramineuses pour le groupe anglais qui prévoit un investissement global de 494 millions de dollars sur l’ensemble de la chaîne, et a affirmé, en mars dernier, s’attendre à des revenus annuels dépassant les 970 millions de dollars.
Mais si les terres rares seront extraites du sous-sol angolais, c’est à Hull, dans le comté de Yorkshire, en Angleterre, que sera installée l’usine de traitement où l’essentiel de la valeur ajoutée sera créée. Selon l’accord scellé avec l’Angola, le pays touchera une redevance minière correspondant à 2% des revenus de la mine, en plus des impôts nationaux et municipaux, dont les Britanniques seront exonérés pendant les deux premières années d’exploitation, tout comme ils ont obtenu l’exemption complète des droits de douanes sur les équipements importés.
Une situation qui se répète sur la quasi totalité des projets lancés ou en gestation sur le continent. Dans cette course à la mainmise sur les terres rares, l’Afrique est devenue un nouvel eldorado. Mais les populations sont loin de profiter des dividendes et richesses produites par ce nouveau secteur par ailleurs très polluant. Où sont les projets les plus avancés ? Qui les détient ? Comment les décideurs africains peuvent-ils contrecarrer la « malédiction des ressources naturelles » ? Décryptage en cartes et en infographies.