Djibouti : bachotage favorable

Pour enrayer la fuite des cerveaux, l’université de Djibouti fait peau neuve. Elle accroît ses capacités d’accueil et crée des filières de qualité.

Dans la bibliothèque du campus, avant les examens. © PATRICK ROBERT

Dans la bibliothèque du campus, avant les examens. © PATRICK ROBERT

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Publié le 25 juin 2013 Lecture : 3 minutes.

À quelques jours des épreuves de fin d’année, la tension monte sur le campus de l’université de Djibouti. Pendant que les étudiants bachotent dans la cour ou entre les rayons surchargés de la bibliothèque, les appariteurs s’affairent dans les deux amphithéâtres de 500 places situés dans une ancienne caserne de la garde républicaine, non loin de l’Assemblée nationale. « À Djibouti, ce sont les élèves qui chassent les militaires », plaisante Djama Mohamed Hassan, le président de l’université, alors que derrière lui fusent depuis l’estrade les « un-deux, un-deux » des ultimes essais de micro.

Depuis 2006 et la création par décret gouvernemental de la première – et pour l’instant unique – université djiboutienne, c’est chaque année le même cérémonial pour les uns et la même anxiété pour les autres. « Avec un taux de réussite de 40 % aux examens, les résultats restent assez corrects », estime, d’une voix aussi neutre que son appréciation, le président. Il se montre plus enthousiaste lorsqu’il s’agit de rappeler que, avant 1999, « le système scolaire djiboutien s’arrêtait au bac ». Les plus brillants n’avaient alors d’autre choix que de s’exiler en Europe ou en Amérique du Nord. « Dans un contexte de mondialisation des savoirs et des connaissances toujours plus agressive, Djibouti avait du mal à récupérer ses jeunes diplômés », insiste Djama Mohamed Hassan, lui-même parti au Canada pour son doctorat. D’où l’urgence de pouvoir les former sur place, pour accompagner les besoins en main-d’oeuvre qualifiée d’une économie en plein développement.

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Adéquation

Conscient des défis à relever, l’État a fait des efforts, notamment en proposant aux professeurs de faculté, tous djiboutiens, « les rémunérations les plus élevées de la fonction publique » ; et en veillant à ce que les frais d’inscription ne dépassent pas 80 euros par an pour les étudiants. « Chaque diplômé coûte moins de 2 000 euros à l’État. C’est un investissement minime au regard de l’avenir du pays », estime le président de l’université, qui accueille depuis la dernière rentrée plus de 6 000 étudiants, toutes filières confondues.

Après avoir mis l’accent, en plus des formations classiques, sur les métiers des transports et de la logistique, du génie civil et de la maintenance industrielle, « pour renforcer l’adéquation entre l’offre des diplômés et la demande du marché », l’université de Djibouti est montée d’un cran en ouvrant son premier master en 2010 – elle en proposera trois autres à la prochaine rentrée. « Sans oublier les filières spécifiques en anglais, programmées dès 2014 », annonce Djama Mohamed Hassan, qui compte beaucoup d’autres projets dans ses cartons, de la constitution d’une école d’ingénieurs à la mise en place des premiers doctorats.

« Il faut que Djibouti puisse conserver ses élèves exceptionnels en leur apportant les conditions nécessaires à leur épanouissement », poursuit-il. L’université, qui a déjà tissé une cinquantaine de partenariats avec d’autres facultés à travers le monde, s’apprête pour cela à changer de dimension. Elle emménagera dès 2015 sur un nouveau campus en cours de construction dans le quartier de Balbala, capable de recevoir plus de 15 000 étudiants.

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Cherche personnel qualifié

Interrogés sur leur politique de recrutement, les patrons djiboutiens font tous le même constat : « Il est toujours difficile de trouver du personnel correctement formé à Djibouti. » Au moment où le pays multiplie les projets de développement à forte technicité, « le manque de professionnels qualifiés aux niveaux supérieur et intermédiaire devient problématique », confirme Ali Mohamed Kamil, directeur général de l’Agence nationale pour l’emploi, la formation et l’insertion professionnelle. Au point que le ministère de l’Économie travaille avec le secteur privé pour créer une carte de la formation professionnelle, censée répondre aux besoins. « Nous devons être ambitieux et veiller à fournir un enseignement de qualité », insiste Kamil, qui plaide également pour une meilleure réactivité des centres de formation, « afin de coller aux évolutions du marché du travail ». O.C.

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