Djibouti : militaires du monde sur le pont

Français, Américains, Japonais… De nombreux contingents stationnent à Djibouti. Leur mission : lutter contre le terrorisme et la piraterie dans le golfe d’Aden.

Soldats allemands de l’opération EU Naval Force-Atalante. © AXEL SCHMIDT/AFP

Soldats allemands de l’opération EU Naval Force-Atalante. © AXEL SCHMIDT/AFP

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Publié le 15 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

Grandes manoeuvres à Djibouti
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Grandes manoeuvres à Djibouti

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L’image de caserne à ciel ouvert continue de coller aux rangers de Djibouti. La 13e demi-brigade de Légion étrangère française a bien quitté le pays en 2011 pour prendre ses quartiers à Abou Dhabi, mais la présence de contingents militaires étrangers n’a jamais été aussi importante, à mesure que le contexte international renforçait le rôle géostratégique de la petite République. En plus des forces françaises, arrivées en 1977 dans le cadre des accords de défense signés entre les deux pays, Djibouti accueille depuis 2002 quelque 1 800 soldats et 1 400 personnels civils américains.

Leur déploiement, moins de un an après les attentats du 11-Septembre, s’inscrit dans le cadre d’une redéfinition de la stratégie des États-Unis dans la région. Le camp Lemonnier s’est ainsi imposé comme un élément clé du dispositif américain dans la lutte contre le terrorisme international et comme une base indispensable pour les opérations de drones vers le Yémen ou la Somalie. À tel point que, selon le Washington Post, « l’armée américaine a clandestinement transformé ses installations djiboutiennes pour en faire la plateforme de drones la plus active au monde en dehors de l’Afghanistan ».

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La présence américaine est pourtant peu visible en dehors de la zone de l’aéroport. Terminé les descentes en ville à bord de Hummer, casque sur la tête et mitraillette au bras pour tenir la population en respect le temps d’acheter des cigarettes. « Ils ne sortent jamais de leur base », confirment les commerçants. Unique installation permanente de l’armée américaine en Afrique, le camp Lemonnier est actuellement en pleine expansion pour accueillir à court terme plus de 5 000 personnes, alors que des bruits insistants font écho d’une demande de Washington pour un bail de quatre-vingt-dix-neuf ans.

Et Moscou ?

Parallèlement, avec 1 900 hommes de troupe, les forces françaises conservent la garnison la plus fournie et ont vu leurs missions s’étoffer en 2008 dans le cadre du plan de lutte contre la piraterie initié par l’Otan et l’Union européenne. Basée à Djibouti, l’opération ­EU Naval Force-Atalante, forte d’une dizaine de navires, compte aussi des compagnies espagnoles et allemandes. Elle peut s’appuyer depuis 2009 sur la présence d’unités aéronavales japonaises, premier contingent nippon envoyé à l’étranger depuis 1945.

Les Russes devraient débarquer prochainement, Mahamoud Ali Youssouf, le ministre djiboutien des Affaires étrangères, confirmant « l’ouverture de pourparlers » avec Moscou. Alors qu’un accord bilatéral est en cours de discussion pour l’envoi d’un contingent italien et que les flottes chinoises et indiennes mouillent de plus en plus régulièrement dans le port, « ces troupes n’ont pas vocation à rester », insistent les autorités djiboutiennes. « Leur mission est d’assurer la sécurité des routes maritimes régionales », rappelle le ministre des Affaires étrangères, qui ajoute : « Pour le plus grand bénéfice de l’ensemble de la communauté internationale. »

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Présence bénéfique

En plus de rassurer les investisseurs et de garantir la sécurité du pays et du golfe d’Aden, les troupes étrangères, essentiellement françaises, permettent à Djibouti de tenir son rang dans la région en assurant la formation de ses troupes. Depuis fin 2011, Djibouti est pour la première fois impliqué militairement sur un théâtre d’opération extérieur, avec un bataillon de 1 000 hommes envoyé dans le cadre de la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom).

Les contingents étrangers contribuent aussi à la bonne santé économique du pays, en injectant chaque année plus d’une centaine de millions de dollars dans les finances publiques sous forme de redevances, « sans compter les retombées fiscales et l’apport en termes de consommation locale », précise Mahamoud Ali Youssouf, le ministre des Affaires étrangères. L’impact social est également loin d’être négligeable, notamment en matière de création d’emplois dans les secteurs de la construction et des transports. O.C.

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